Lavoir
En 1885, quand les habitants se plaignent du très mauvais état des portineaux (barrages) sur la Vautonne, le Conseil municipal vote un crédit de 3 600F pour les réparer et construire un lavoir couvert. Les laveuses n’avaient pas d’autres endroits pour frotter leur linge.
L’année suivante, on projette la construction d’un lavoir public au Pont des Sœurs. Selon le devis assez onéreux de 3 100F, c’est un bâti en moellon des carrières du pays, « bien smillé, posé en bonne liaison », avec un mortier composé de chaux provenant des fours de la Roche David à Précigné et de sable local.
« Les marches, les seuils et la dalle du lavoir seront en pierre de marbre, non gélif, proprement taillé et ciselé sur les arêtes». « La quille de la cheminée sera en briques pressées, bien cuites et de bonne qualité ainsi que les piédroits et lancis des portes d’entrée ».
Couverte en ardoises d’Angers, la charpente devait être soutenue par «quatre colonnes pleines, en fonte, avec chapiteaux à trois consoles ». Mais, suite au refus du Conseil des Bâtiments civils, elles seront remplacées par des poteaux en chêne.
(Arch.dép.Sarthe, 2 O 246/7)
Le lavoir a été détruit.
Monument aux morts
Mur extérieur de l’église
Cette stèle apposée sur le mur extérieur de l’église avec, à ses côtés le coq sculpté, est le reste du monument aux morts érigé en 1921. Sur les plaques, les noms et prénoms de 90 soldats gravés dans la pierre, par ordre alphabétique et 19 noms pour la guerre 1939-1945 ;ajout d’un nom pour l’Afrique du Nord.
Le nom de François VANNIER, « fusillé pour l’exemple » le 19 octobre 1914, ne figure pas sur le monument aux morts de la commune. En effet, au moment de la guerre, il était cultivateur à Durtal. Eric VIOT mène le combat pour la reconnaissance et la réhabilitation de ces soldats depuis de longues années. Ainsi, figurent sur les monuments de leur commune: Maurice JOUBERT de Saint-Michel-de-Chavaignes, Paul LEBRECH de la Chapelle-Gaugain, Louis OGER de la Chapelle-Huon, Julien BRILLANT de Bonnétable et Emile LHERMENIER d’Yvré-l’Evêque.
Dès mai 1919, la municipalité de Précigné décide d’ériger un monument qui rappellera aux générations futures le nom de tous les glorieux enfants qui ont donné leur vie pour la Nation. La tâche est triple : choisir un monument et un sculpteur, aménager la place de l’église, financer le projet.
Lors de sa réunion d’août 1919, le Conseil fait le choix du sculpteur manceau Gaullier et décide d’acheter la maison Leroy qui encombre la place, afin de la démolir. Reste à régler le problème financier, ce qui est difficile car les finances communales sont faibles. Il est prévu que le monument et les deux plaques, portant les noms des morts qui seront installées dans l’église et le cimetière, coûteront 13 500F. La souscription lancée près de la population rapporte 8 000F. Alain de Rougé, le maire, qui a déjà offert, à titre personnel, 1 500F, annonce qu’il prendra à sa charge les dépenses imprévues qu’il paiera avec son indemnité de député. Le Conseil vote les 4 000F qui manquent : « Nos morts soldats valent bien les sacrifices des contribuables ». C’est un gros effort financier pour Précigné, dans le contexte de pénurie d’après-guerre. Finalement, l’installation du monument atteindra la somme de 18 000F. En 1920, le Conseil doit voter un crédit supplémentaire de 2 000F et l’année suivante un autre de 3 000F. Par ailleurs, la commune emprunte 11 000F pour l’achat de la maison Leroy et sollicite l’octroi d’une subvention.
Un comité, constitué de différentes personnalités locales, est chargé de mener à bien le projet. Le Conseil ne doute pas qu’il aura à cœur d’ériger une œuvre digne de ceux qui sont morts. Au cours de 1920, la mairie et la population s’impatientent car certaines communes ont déjà leur monument. Mais à Précigné, la place Saint Pierre nécessite des travaux. Il faut démolir la maison Leroy, construire des trottoirs, niveler le sol qui, bien sûr, à cette époque n’est pas goudronné – il ne le sera qu’en 1928 – améliorer le problème de l’écoulement de l’eau sur cette place en légère pente.
Un autre comité est créé, divisé en sous-commissions; il va s’occuper d’organiser la journée d’inauguration du monument, dans ses moindres détails : le transport depuis Le Mans, l’office religieux, la décoration des rues, la musique, les invitations, le banquet. Enfin, le dimanche 22 mai 1921, c’est le grand jour ! Les rues et les maisons sont décorées de guirlandes, drapeaux, verdures et sapins. La journée commence par une messe qui rassemble les Précignéens en grand nombre. La cérémonie se termine par la bénédiction d’une plaque commémorative apposée dans le transept nord de l’église.
Vers dix heures, monsieur le Préfet de la Sarthe et le général Vuillemot, commandant du 4e corps d’armée arrivent. Le cortège, impressionnant de silence, se rend au cimetière. La fanfare, sous la conduite de son chef M. Dumontier, est en tête du défilé et joue une marche funèbre. Elle est suivie du clergé, des écoliers et des pupilles de la Nation hélas nombreux, des familles des morts, des anciens combattants de 14-18, dont certains sont mutilés, des Vétérans de la guerre de 1870 avec leurs drapeaux, la société de Secours Mutuels précédée de sa superbe bannière en velours grenat rehaussé d’or (toujours visible à la mairie), puis viennent les officiels : préfet, sous-préfet, le général, des députés, sénateurs, conseillers généraux, le conseil municipal de Précigné, les maires et adjoints des communes voisines, les officiers russes de l’armée Wrangel qui ont fondé, vers 1920, une colonie agricole près de la gare, et, enfin, toute la population.
Au cimetière, le maire prend la parole pour rappeler les liens d’amitié qui l’unissaient aux disparus qu’il connaissait tous et dont il revoit les traits chaque jour sur le visage de leurs enfants. Personne ne pensait, dit-il, que les cloches qui sonnèrent le tocsin en août 1914 tinteraient tant de glas. Devant la plaque, il énumère les noms des quatre vingt sept hommes morts au champ d’honneur. Avec émotion, il évoque les soirs de bataille, les appels déchirants des blessés, les râles des mourants. Enfin, il parle du monument sur la place au sommet duquel se dresse un coq qui semble crier la victoire de la France et conclut : « quand vous passerez devant, jetez un regard sur cette stèle où sont inscrits les noms de vos camarades et ne les oubliez pas.»
Puis vient l’heure du banquet, sous une tente, dans l’ancien séminaire (l’ancien centre médical jusqu’en mars 2016) : quatre cent soixante treize couverts sont servis par M.Germain, maître d’hôtel. Le menu est copieux : potage, bœuf grand veneur, veau à la mayonnaise, gigot de pré salé, petits pois à la Française, le tout arrosé de Saint-Nicolas de Bourgueil 1919, et desserts accompagnés de Beaulieu. Les convives sont les officiels et tous les soldats rescapés. Comme il se doit, le repas est suivi de nombreux discours officiels qui appellent à l’union nationale et au relèvement de la France. Une quête faite au profit des orphelins rapporte cinq cents francs qui s’ajoutent aux cent cinquante francs collectés dans la rue.
A quinze heures, les officiels prennent place sur une estrade au milieu de la place où se presse la foule. Victor Foussier fait tomber les voiles blancs qui recouvrent le monument. Celui-ci est constitué d’une stèle en pierre blanche portant sur une face l’inscription de l’hommage de la commune et sur les trois autres les noms des défunts. Le coq gaulois est fièrement campé au sommet. Le monument, sur lequel est fixée une palme en bronze offerte par le prince russe Lieven, est entouré d’un espace recouvert de gravier et délimité par des obus reliés entre eux par des chaînes. Quatre canons crapouillots, maintenant bien inoffensifs, symbolisent la guerre.
En 1926, une grille sera ajoutée. Le maire prend possession du monument au nom de la commune et s’engage, tant en son nom qu’en celui de ses successeurs, à en assurer l’entretien et la conservation.
La fanfare exécute une marche funèbre et un chœur de Précignéens chante une cantate patriotique sur des vers de Victor Hugo. Le sous-lieutenant Michel, alors instituteur à Précigné, s’incline respectueusement devant le monument et évoque la mémoire et les souffrances des tués. Le général Vuillemot, après avoir comparé les monuments aux morts à des sentinelles qui veilleront pour que la patrie ne soit plus attaquée, remet la légion d’honneur à Messieurs Michel et Poupin. Ce dernier est « un de ces garçons de campagne qu’on a trouvés jusqu’au bout dans les tranchées de première ligne ». Une Marseillaise clôt la cérémonie.
Vers seize heures, à la mairie, va alors se tenir un conseil municipal extraordinaire. Le maire et les conseillers s’engagent solennellement à « veiller sur le monument en l’entretenant dignement pour le garder intact afin que les générations de l’avenir puissent conserver le souvenir immortel de ces quatre vingt dix Précignéens.» Ils expriment « le vœu que les municipalités à venir veuillent bien faire le même serment et que la piété des habitants et la vigilance des élus qui se succéderont feront que le monument restera debout pendant des siècles comme un symbole impérissable de nos grands morts ».
Le soir, les rues sont noires de monde pour un concert et une retraite aux flambeaux. Il est prévu qu’un film sur la guerre soit projeté mais l’appareil refuse de fonctionner et ce n’est que quelques jours plus tard que les habitants pourront le voir. Ce fut une belle journée pour honorer les morts. Les plus jeunes avaient à peine vingt ans, le plus âgé quarante trois ans. Combien de parents, d’épouses, d’enfants ayant perdu un être cher avaient le cœur brisé…
A l’instigation d’Alain de Rougé, en 1920, est créée La Section d’Union Nationale des Combattants. Le valeureux lieutenant Victor Michel en prend la tête sous la présidence d’honneur du maire. Le 11 novembre 1923 rassemble plus de 200 anciens combattants. En février 1927, l’ANC se rend à Paris pour ranimer la flamme de la tombe du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe.
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, 19 noms sont ajoutés sur le monument. Le nom de Claude Chartier, tué en Algérie en 1957, clôt la liste de ceux tombés au combat pour la patrie.
En 1962, la grille, les obus et canons, le tout en mauvais état, sont enlevés. Vers 1970, lors d’un réaménagement de la place pour créer des places de parking, le monument est démonté : les plaques avec les noms sont fixées sur le mur de l’église le coq coule des jours paisibles dans le parterre près de la mairie et on a complètement oublié le symbole qu’il représente, la stèle est cassée. Personne ne s’est soucié de respecter l’engagement solennel pris par le maire en 1921 …
La municipalité, sous le mandat de Francis Plot ( 2008-2013 ), à l’occasion de la rénovation urbaine, a placé le coq près des plaques scellées sur l’église.
(à partir du site de la mairie: recherches de E.M. d’après la presse locale et registre des délibérations municipales).
Monument aux morts
Cimetière
Au centre du cimetière s’élève un Christ en Croix sur un autel orné d’une croix de guerre sculptée. De chaque côté, sur deux stèles, les noms et prénoms de 90 soldats sont gravés en lettres blanches, par ordre alphabétique. Les noms de 19 victimes ont été ajoutés pour la guerre 1939-1945 et une victime en Afrique du Nord.
Monument paroissial
Transept
Sur cette plaque de marbre rose, dans un entourage blanc avec croix de guerre sur un entrelacs de feuilles de chêne et laurier au sommet, les prénoms et noms de 90 soldats sont gravés en lettres dorées, par ordre alphabétique. Selon les archives, cette plaque fut bénie lors de l’inauguration du monument aux morts, le dimanche 4 décembre 1921.
Guerre 1939-1945: un pilote américain tombé à Précigné
Le 21 mars 1944, dans l’après-midi, un bombardier américain en flamme s’abat près de Malpaire, sur Précigné dans une vigne au lieu-dit « Bibienne ». Le pilote a sauté en parachute et s’est retrouvé à quelques kilomètres du point de chute de l’avion. Ce bombardier P-51 basé en Angleterre, appartenait au 334th Fighter Squadron du 4th Fighter Group. Sa mission visait l’aérodrome de Saint Jean d’Angély.
Blessé, le pilote a été soigné et conduit vers un camp de prisonnier en Allemagne; il fut libéré par l’Armée rouge en mai 1945.
recherches de Jacky Emery 02 43 47 65 71 ou 06 45 32 90 13 jackyemery72@outlook.com (article de l’Écho fléchois du 24 mars 2024)