La situation
Emplacement des monuments à leur origine

Le choix de l’emplacement du monument a souvent été longuement débattu. Il a été pensé comme un témoin permanent, familier de la vie quotidienne de la communauté villageoise.Le choix des municipalités a dû aussi tenir compte de la géographie du village et pas seulement des souhaits émis. Les monuments communaux dans l’espace public, le plus souvent dans le centre du village, se trouvent très groupés dans la partie Sud-Est du département. Dans les archives, la visibilité du monument est souvent mise en avant. Pour les monuments partagés, nous avons indiqué par un point orange, la commune ayant le monument. Les communes qui n’ont pas de monument communal ont un monument paroissial.
En un siècle, des restaurations ont été nécessaires et ont parfois entraîné des modifications. La plupart du temps, les noms des soldats ont été gardés. Beaucoup de monuments ont perdu leur entourage. Pour des raisons souvent liées à la circulation automobile, au réaménagement des centres bourgs, certains monuments ont été déplacés et/ou modifiés.
Les formes

Au regard de ce graphique, nous constatons que la forme, de loin la plus fréquente, est l’obélisque. Mais, même avec des ressemblances, chaque monument est unique.
L’obélisque
Taillé dans la pierre calcaire, le granit ou le marbre, élancé ou massif, il se décline dans toutes les tailles. Certains sont en forme de colonne arrondie.
Le piédestal
Cette forme reprend celle de l’obélisque, sans la partie haute. Le piédestal est souvent associé à une sculpture de Poilu (80%) de pierre ou de fonte: vindicatif, baïonnette au canon ou placide, fusil au repos voire désarmé, mourant ou accompagné d’une Victoire ailée. Dans le cimetière, le piédestal est surmonté d’une croix.
La plaque commémorative simple, recueillant les noms des soldats, peut être apposée sur le mur extérieur de l’église ou de la mairie, ou au pied de la croix de cimetière; elle exprime avec sobriété une émotion collective.
Les matériaux
Les monuments se différencient par le choix des matériaux:
- la pierre calcaire, non gélive, de Lavoux, Chauvigny, Euville, Comblanchien, Massangis
- le granit, notamment d’Alençon, de Belgique ou le granilith (granit à petits grains)
- la simili-pierre (marbre-ciment) ou la pierre agglomérée, ou le ciment, ou le béton
Nous constatons que la pierre calcaire est le choix d’un monument sur deux. Le travail de sculpture y est évidemment plus facile. La blancheur du monument quand il vient d’être érigé attire le regard.
Le granit ou le granilith (granit à petits grains) offre la résistance dans le temps.
L’utilisation des matériaux « modernes », tel le béton, le béton armé, le ciment imitation de granit, réduit le coût du monument.




Le caractère
civique
Il honore les citoyens de la commune qui ont accompli leur devoir, fait état des noms de ceux qui ont été tués, proclame la dette morale que leur doivent les survivants. Cette dette se traduit dans la dédicace « Aux enfants de…« , « La commune de…à ses enfants » ou « à ses fils » (80% des cas) complétée de la mention « morts pour la France« .
funéraire
La présence d’une urne ou d’une croix de guerre voilée lui donne une dimension funéraire, plus intense si le monument est érigé dans le cimetière.
patriotique
Son caractère patriotique s’exprime par le contenu des dédicaces telles que « Aux soldats », « Aux défenseurs », « Aux combattants » (12%). La représentation d’un Poilu en arme, les termes de « gloire » (8%) ou de « héros »(2%) le renforcent encore; de même, l’adjonction de symbole comme le fusil.
pacifique
Des monuments ont un caractère plus pacifique qui n’est jamais affirmé comme tel. Aucune inscription « A bas la guerre » seulement des soldats sans arme ou avec enfants.
Cependant, il est bien difficile de donner un caractère au monument, la dédicace et les représentations peuvent se contredire.
exemple: Saint-Calais

La dédicace « La ville de Saint-Calais à ses enfants morts pour la France » indique plus un monument civique. Mais, la sculpture posée sur le piédestal montre plus un caractère patriotique, qui est renforcé par le discours lors de l’inauguration, le 14 juillet 1920:
« Il a lui, resplendissant, ce jour tant désiré par nos concitoyens et ils sont venus tous, sur cette vieille place où se dresse maintenant l’image modeste mais combien vraie du soldat, du Poilu vainqueur, tenant à sa merci l’aigle impérial allemand, enfin réduit à l’impuissance. Le soldat regarde l’Est, cet horizon d’où le tempête vint si souvent déferler sur la France et jusque sur cette place aux jours funestes de 1870-1871 ».
Notons que la seule trace des femmes se trouve sur le monument départemental.