Bateaux-lavoirs
Dès 1844, des habitants qui se sont rendus adjudicataires de l’ancienne charrière du bac de Noyen et l’ont transformée en bateau lavoir, obtiennent le droit de creuser le lit de la rivière pour l’y établir. Ils veulent en faire un lavoir public pour le bourg mais la municipalité ne souhaite pas l’acheter.
En 1861, elle acquiert un terrain en bord de Sarthe, près du pont suspendu, afin d’agrandir le marché. Sur le plan, lors de l’enquête préliminaire, un lavoir public apparaît juste à côté de ce terrain. En 1893, un lavoir hangar est noté à cet emplacement.
En 1905, un bateau lavoir de 15 m sur 4 m est installé dans le prolongement du quai du Port. Le marché de gré à gré est passé avec M. CHESNEAUX, en novembre, pour un bateau avec l’ensemble du matériel, chaudière, cuvier, tréteaux, passerelle, chaînes d’amarrage. En mars 1906, l’installation est jugée conforme par la municipalité et les 2 900 F sont réglés au constructeur. Le bateau lavoir est assuré. A partir de 1926, M. RENAULT, adjudicataire, a la charge du nettoyage complet et de l’entretien du plancher et de la couverture. Les droits de place sont fixés ainsi: 2 F par an par personne; pour les non abonnés, 1 F par jour par laveuse ou 0,50 F la demi-journée ou 0,25 F par panier de linge et 0,10 F par 10 m de fil de fer pour le séchage. En 1931, la municipalité passe un nouveau bail avec M. BACCON. L’entretien du bateau étant jugé irréprochable, il va s’en occuper jusqu’à la fin, dans les années 1960. Il a même fait une donation à la commune de 500 F en 1943, au moment du changement de bateau. Les tarifs sont régulièrement révisés. Les bouchers et charcutiers doivent s’abstenir d’y nettoyer les boyaux des animaux abattus dans leurs tueries.
Au début des années 1940, le bateau est en fort mauvais état malgré de fréquentes réparations. Son remplacement, confié à M. BELLION, entrepreneur à Juvardeil (Maine et Loire), va être retardé par les difficultés rencontrées pour se procurer le matériel nécessaire. De plus, l’augmentation du coût de la main d’œuvre et du transport entraîne un supplément aux 25 000 F fixés par le traité. En août 1945, profitant des écourues, la rivière est curée à l’emplacement de l’ancien bateau afin que la nouvelle installation soit plus proche du quai. De nouveaux tarifs annuels sont fixés: 300 F pour les hôtels, restaurants et bouchers, 200 F pour les coiffeurs et 40 F par personne pour les particuliers. Le tarif journalier est de 15 F et 10 F pour la demi-journée. 10 F par jour pour utiliser la chaudière et 2 F pour étendre le linge sur un fil de fer de la « sèche ». En 1958, l’abonnement annuel des particuliers coûte 150 F par personne et celui des professionnels, 1 000 F. Une journée est estimée 50 F plus 30 F pour la chaudière.
En 1960, M. BUFFET quincaillier à Noyen remplace la chaudière pour 150 NF.
(Archives municipales: registres de délibérations ; Arch. dép. Sarthe, 1 FP 791 et 3 S 103)
… Et des lavoirs privés
Le bateau-lavoir de M. EXAT, forgeron, établi en 1893, est vendu à M. JAMIN, horloger et détruit en 1917.
De 1850 à 1924, le Service hydraulique reçoit régulièrement des demandes d’autorisation pour établir des lavoirs privés, sur la rive droite de la Sarthe : laiterie de l’Arche, aubergiste, maître d’hôtel, curé, boucher et propriétaires riverains. Ce sont de simples abris en planches avec une couverture allant des plantes (genêt ou bruyère) à la tôle ondulée, avec, pour certains, un système particulier de mobilité. Ainsi, en 1910, celui de M. MOUTEL, huilier, a un plancher porté par deux galets et déplacé avec un treuil; celui-ci est fixé sur le terrain en arrière, sur un plan incliné, pavé, joignant le niveau de l’étiage, côté rivière, au sol. Cette rampe est délimitée par deux murets en maçonnerie, au bord de la rivière pour supporter une toiture légère.
(Arch. dép. Sarthe, 3 S 103 et 3 S 376)
Monument aux morts
Croisement rue de Verdun et rue Alphonse Leporche (vers centre ville)
Ce monument imposant, proche du centre ville, en pierre est très sculpté: casque avec feuillage de chêne et laurier, fourragère, croix de guerre, coq triomphant. Il est entouré d’obus reliés par une chaîne et quatre crapouillots sont installés au pied. L’ensemble des inscriptions et des noms sont sur des plaques noires. Les noms et prénoms de 84 soldats avec leur grade sont gravés en lettres blanches, par année, sur trois plaques apposées sur le fût de la pyramide. En-dessous, les noms et prénoms de 8 soldats, 2 déportés, 1 fusillé et 1 tué en service commandé de la guerre 1939-1945 et 5 soldats morts en Algérie sont inscrits sur trois plaques.
Honneur, Patrie, 1914-1918, 1870-1871 sont sculptés en relief sur le socle entre les sculptures et les hommages en vers. Le nom du sculpteur est gravé au bas du monument.
Au bas du monument, une plaque posée le 23 juin 2002.
Le 8 juillet 1919, le député-maire, M. le baron Leret d’Aubigny, présente le rapport concernant un monument à élever en mémoire des enfants de Noyen morts pour la Patrie. Le conseil délibère et décide :
- d’ouvrir un registre de souscription intitulé « Souscription pour le monument à élever à la mémoire des enfants de Noyen-sur-Sarthe Morts pour la Patrie 2 août 1914-28 juin 1919 », dans lequel seules les signatures seront recueillies sur le registre qui sera porté à domicile.
- de prélever les crédits nécessaires sur les ressources ordinaires
- de convoquer à la mairie les représentants des Morts de la Guerre pour désigner huit d’entre eux pour assister la municipalité dans le choix du monument, de son emplacement, de l’organisation des fêtes d’inauguration.
- de prier les sections de vétérans des Armées de Terre et de Mer 1870-1871, de désigner deux membres pour les mêmes fins
- de ne célébrer aucune fête à Noyen en dehors des assemblées ordinaires, avant celle qui sera organisée pour l’inauguration.
Toutes ces injonctions paraissent dans l’Ouest-Éclair du 21 juillet 1919.
Le 15 février 1920, le maire présente le projet de M. Gaullier, sculpteur au Mans, pour un coût de 18 500 F. Ce devis comprend les inscriptions, le transport du monument, les fondations et des imprévus. Il sera financé par un crédit de 12 000 F du budget additionnel de 1919 et par les 6 500 F de souscription. Le conseil accepte le devis et sollicite une subvention d’État pour ce monument qui sera érigé à un carrefour des rues de Noyen-sur-Sarthe. Le maire reçoit le courrier du ministère de l’Intérieur approuvant le projet, le 12 mars 1920.
Le maire sollicite le conseil pour l’autoriser à passer les traités de gré à gré avec M. Gaullier et M. Dupras, entrepreneur en maçonnerie à Noyen. Ce dernier fera les fondations et un mur circulaire de clôture pour la somme de 2 548,08 F.
En septembre, le maire présente le bilan financier avec des travaux complémentaires: 3 822,05 F pour la gravure des lettres, le transport du monument et de la chèvre, le dépavage, la gravure des vers à la base du monument, la pension de l’ouvrier, les plaques pour le cimetière, le monument de l’église, y compris plaque de marbre et gravure. M.Dupras s’engage à faire la maçonnerie de fondement sur laquelle sera posé le monument, le mur circulaire de clôture, le terrassement et divers travaux pour le prix total de 2 548, 08F.
La presse locale relate brièvement la venue de M. Dior, ministre du commerce et de M. Castelnau, président de la commission de l’Armée, pour l’inauguration du monument commémoratif aux morts de la Grande Guerre, de Noyen-sur-Sarthe, le dimanche 3 juillet 1921. Mgr Grente, évêque du Mans, prononça l’éloge funèbre pendant la messe solennelle et bénit le monument.
(Arch. dép. Sarthe 2 O 224/7)
Une carte postale a été éditée, avec au recto, le monument et M. Castelnau en médaillon et, au verso, ces trois textes en vers, en hommage aux soldats de Noyen.
Inauguration du monument aux morts de Noyen
Une magnifique fête d’union sacrée s’est déroulée à Noyen, le dimanche 3 juillet 1921, à l’occasion de l’inauguration solennelle du monument aux morts de la guerre. À l’évangile, en présence de M. Dior, ministre du commerce, du général de Castelnau, du préfet de la Sarthe, du général Vuillemot, de plusieurs députés de la Sarthe ou de la région et d’un grand nombre de notabilités. Monseigneur l’Évêque a exalté la vaillance des combattants, et rappelé les leçons de leur sacrifice héroïque :
Monsieur le Ministre,
Messieurs,
Nos Très Chers Frères
La France a honoré par de magnifiques ovations ses enfants victorieux. Il vous en souvient : sous l’arc de triomphe, et à travers les rues de Paris, ils ont défilé, dans une lumière de gloire, parmi les acclamations d’un peuple, dont la reconnaissance s’ingéniait à vénérer ses sauveurs. Cette apothéose émouvante fut digne, à la fois, de notre pays et de ses héros. Heureux qui put vivre un tel jour ; plus heureux, plus grand, qui le mérita.
Mais cet hommage eût été incomplet et injuste, s’il se fût borné aux vivants ; car, « quelques louanges que nous donnions aux vainqueurs, dit Bossuet, il ne laisse pas d’être véritable que les guerres produisent plus de larmes que de lauriers. » C’est la triste rançon de la victoire. Aussi, la guerre, avec ses hécatombes et ses effrayantes blessures, avec les sanglots des mères, des femmes et des orphelins, avec son cortège lugubre de souffrances et de ruines, la guerre mérite l’invective et l’anathème. L’Église la tient pour impie et jette à Dieu, dans l’émoi de ses grandes supplications, le cri de son angoisse maternelle : « De la guerre et de la peste, délivrez-nous, Seigneur ! » Par toutes les villes et les villages de France, il y a donc eu émulation pour exalter les victimes. Monuments, éloges, cérémonies funèbres, ont exprimé à l’envi les regrets des survivants. Mais, tandis que, en quatre années, les familles en deuil sentaient l’incertitude du lendemain aggraver leur douleur, et se demandaient si tant de sang ne serait pas inutile, aujourd’hui, elles approchent des tombes ou des stèles de leurs héros, en pensant que la France leur est redevable. Malgré le chagrin qu’elle ranime, cette fête du souvenir s’auréole donc d’une clarté d’admiration : nos sympathies ont une allure de fierté, un accent de gratitude […]
Vous vous souvenez, anciens combattants, de leur entrain et de leur générosité, à l’heure du départ, puisque les mêmes sentiments vous animèrent. Ah ! on avait prophétisé et espéré, outre-Rhin, des insubordinations et des défaillances : on les avait préparées, soudoyées. Lourds esprits, qui nous connaissent si mal !
Soudain, le grand souffle du patriotisme chassa les miasmes mauvais et purifia l’atmosphère. Ce fut une levée splendide, sans distinction de classes, d’opinions et de croyances. Ouvriers, paysans, bourgeois, châtelains, instituteurs, curés, moines, tous se dressèrent, dans un élan d’affection filiale pour la France : du flot de ses rives aux cimes de ses frontières, comme une boule immense qui ébranlerait tous les épis de ses moissons, un frisson sacré émut à l’envi ses enfants.
Et l’on vit, Messieurs, -vous le savez, témoins et acteurs de ses promesses, – renaître les héroïsmes qui, de Tolbiac à Orléans et Rocroy, de Valmy à Austerlitz et Reischoffen, ont illustré les soldats de France. […]
Nos Très Chers Frères, les morts ont droit que la foule prie pour eux. Voilà le véritable hommage, parce que le plus utile. […]
Qu’ils aient succombé, soit dans la morne atmosphère d’une ambulance ou d’un hôpital, soit entre les tranchées adverses, abandonnés à toute l’horreur d’une agonie solitaire, soit sur le front même, terrassés, déchiquetés, ensevelis vivants, souvenons-nous de leur courage, et si inconnus qu’ils nous soient, remercions-les par nos prières et par nos sacrifices, d’avoir, au prix de leur sang, sauver la France. […]
Après la messe, Sa Grandeur a procédé à la bénédiction des plaques sur lesquelles sont gravés les noms des victimes de la paroisse, puis, accompagnée de Mgr Mignon, et suivie des autorités. Elle s’est rendue processionnellement au cimetière, a béni les deux plaques commémoratives apposées sur le calvaire, et a donné l’absoute. […]
Monseigneur quitte ses ornements et se rend avec le reste du cortège, au pied du monument, érigé sur la place de la gare. M. Leret d’Aubigny, député, maire de Noyen, en reçoit possession au nom de la municipalité et fait l’appel des morts.[…]
archives diocésaines Semaine du fidèle du 3 juillet 1921
Plaque
Cimetière
A la base de la croix de cimetière, cette plaque en hommage aux morts de toutes les guerres: 1870-71, 194-1918, 1939-1945, l’Indochine et l’Algérie.
Après la messe (3 juillet 1921), Sa Grandeur a procédé à la bénédiction des plaques sur lesquelles sont gravés les noms des victimes de la paroisse, puis, accompagnée de Mgr Mignon, et suivie des autorités. Elle s’est rendue processionnellement au cimetière, a béni les deux plaques commémoratives apposées sur le calvaire, et a donné l’absoute. […] archives diocésaines
Monument paroissial
Pilier entre la nef et le bas-côté droit
Ce monument sculpté est parfaitement intégré à la sculpture du pilier; en son centre, une plaque de marbre rosé où sont gravés les noms de 82 soldats en lettres dorées, par ordre alphabétique.
Après la messe (3 juillet 1921), Sa Grandeur a procédé à la bénédiction des plaques sur lesquelles sont gravés les noms des victimes de la paroisse, puis, accompagnée de Mgr Mignon, et suivie des autorités. Elle s’est rendue processionnellement au cimetière, a béni les deux plaques commémoratives apposées sur le calvaire, et a donné l’absoute. […] archives diocésaines
Sur la face opposée du même pilier, au centre de ce monument en pierre avec croix latine et croix de Lorraine, une plaque en marbre rouge rend hommage aux victimes de la guerre 1939-1945: 8 soldats, 2 déportés, 1 fusillé et un tué en service commandé. Leurs noms sont gravés en lettres dorées.
Sur la face tournée vers la nef, cette plaque est dédiée aux 5 victimes de la guerre d’Algérie.
Guerre 1870-1871
Cimetière
Ces deux tombes, une allemande et une française, conformes à la loi du 3 avril 1873, sont la marque de la guerre 1870-1871. Deux soldats prussiens sont inhumés dans celle de gauche. De même, lors de l’érection du monument aux morts dédié à la guerre 1914-1918, une face porte la sculpture 1870-1871.
Concession de 2 mètres pour la sépulture d’un soldat français. Concession semblable pour 2 militaires allemands. Les deux tombes sont entourées de grilles en fer.
(Rapport de 1878 de M. de Marcère ministre secrétaire d’État au département de l’Intérieur; exécution de la loi du 4 avril 1873 relative aux tombes des militaires morts pendant la guerre 1870-1871)
Guerre 1939-1945: crash avion 1943
au croisement des communes de Malicorne, Noyen et Mézeray
Les explications de ce crash se trouve à la commune de Malicorne. Les résistants ayant payé un lourd tribut à l’aide apportée aux aviateurs qui avaient sauté en parachute se trouvent sur Malicorne et Mézeray.