Bateaux-lavoirs
Aucune référence, en archives, à un lavoir communal. Les lavoirs et bateaux lavoirs privés semblent donc avoir été suffisants.
En 1832, René LEPINE, batelier demande l’autorisation de stationner son bateau-lavoir couvert en ardoises, d’une capacité de 28 laveuses, avec un fourneau, vis-à-vis du port des Vezins. C’est un vieux bâtiment impropre à la navigation qui, avec quelques réparations, va être employé comme lavoir flottant. Son bateau laissant 50 m de largeur pour « la passée des bateaux » dont l’abordage est à plus de 100 m en aval, il obtient l’autorisation préfectorale en août de la même année, aucune réclamation n’ayant été déposée durant l’enquête en mairie.
En 1840, un conflit va l’opposer à M. TESSIER, serrurier, propriétaire d’un terrain bordant le Loir. Il vient de faire construire un mur, face aux bains publics qu’il a établis. Or, le bateau du sieur LEPINE est amarré à l’aide de pieux piqués sur son terrain, sans en avoir le droit, et lui-même voudrait y mettre un bateau lavoir. Les deux propriétés sont séparées par un abreuvoir. Un arrêté préfectoral prescrit au sieur LEPINE de remonter son lavoir devant son jardin et autorise le projet du sieur TESSIER. En 1841, chacun s’est conformé à l’arrêté.
En 1868, M. SIMON, maître marinier au Lude obtient l’autorisation pour un bateau de 12 m, le long du quai à environ 40 m du pont. C’est un quai destiné à la navigation dont la longueur de 186 m, est supérieure aux besoins portuaires.
Cette même année, M. Emile CROCHEMORE entrepreneur de bains, sollicite le maintien de « son bateau à lessive » situé depuis quelques années en aval du pont. Enfin, M. Joseph DUBAS est autorisé à déplacer immédiatement en aval du pont du Lude, un bateau exploité depuis 1865 en aval du pont de Durtal.
En 1897, M. René MAFFRAY blanchisseur peut attacher trois chaloupes à son bateau lavoir de 26 m.
Un peu plus en aval du Lude, en 1917, M. SORET, entrepreneur en charpente établit un bateau lavoir de six places. Ce bateau était déjà en service, amarré à Luché-Pringé. Son existence sera de courte durée, il est emporté par la crue et retiré en août 1918.
À la Courbe, en 1885, Louis SENAIL, propriétaire est autorisé à conserver un bateau, rive gauche du Loir. En fait c’est une installation sommaire : une planche de 2,5 m sur 50 cm de large, dont la moitié est au sol et l’autre moitié sur des piquets établis dans la rivière.
L’ensemble de ces bateaux lavoirs et lavoirs occupant le domaine public, étaient soumis à une imposition. Nous connaissons les modalités de leur installation mais nous ne savons rien de leur disparition!
(Arch. dép. Sarthe, 3 S 119)
Monument aux morts
Place François De Nicolay et cimetière
Cette pyramide très ouvragée se dresse sur la place publique face à l’entrée de la mairie, sur un espace paysagé. La sculpture du soldat, la main posée sur l’épaule de l’enfant rappelle celle de Marçon, quant à l’attitude du soldat de retour; en arrière-plan, un paysage de dévastation de la guerre. La dédicace est sculptée dans la pierre tout en bas de la pyramide; juste au-dessus, le blason de la ville sur des rameaux de laurier et de chêne. Le sommet s’orne d’une croix de guerre sculptée sur deux faces. Les noms et prénoms de 123 soldats avec leur grade sont gravés sur les trois autres faces du fût, par année. À la fin ont été ajoutés un nom pour l’Algérie et un nom pour l’Indochine. Sur les trois faces du socle, sous le bandeau où s’entremêlent des feuillages, les noms et prénoms de 11 militaires, 17 déportés et 3 travailleurs de la guerre 1939-1945.
Le 2 février 1920, le conseil désireux de commémorer dignement le sacrifice des enfants du Lude pour la défense de nos foyers, décide […] l’érection dans le square de l’Hôtel de Ville, d’un monument destiné à perpétuer leur souvenir. Une subvention communale de 5 000 F est votée et s’ajoutera à la souscription publique. En mai, le préfet demande un dossier complet avec croquis du monument, plan indicatif de l’emplacement, devis de l’entrepreneur et deux copies de la délibération.
À la séance du 23 octobre 1920, le maire demande aux conseillers de choisir définitivement un monument entre deux propositions: celle de M. Gaullier, sculpteur au Mans ou 3 autres plans et devis de la Maison Gaudier-Rembaux d’Aulnoye (Nord) pour des pyramides ou colonnes en granit belge. Par 11 voix contre 3, le conseil retient le projet de M. Gaullier, en pierre de Chauvigny, pour la somme forfaitaire de 20 000 F. À l’unanimité, il est décidé que le monument sera érigé sur la place de l’Hôtel de ville, dans le petit square central et que les deux grands pins d’angle, côté sud, seront supprimés ; les deux autres, côté nord, feront l’objet d’une nouvelle décision.
Le conseil sollicite le maire pour que M. Gaullier établisse une silhouette mobile permettant d’apprécier l’effet et de déterminer l’emplacement propice. La municipalité souhaite que les travaux soient rapides et demande l’octroi d’une subvention qui s’ajoutera au crédit communal. Fin novembre 1920, après examen de l’effet produit dans ses divers déplacements, par la silhouette grandeur naturelle du monument, le conseil choisit la partie centrale du petit square dont les quatre grands pins seront abattus.
En février, la commission spéciale accepte le projet sans aucune réserve. Le mois suivant, un traité engage M. Gaullier à livrer et poser un monument commémoratif et à graver les noms des décédés pour la somme forfaitaire de 20 000F. Mais M. Gaullier a sous estimé la profondeur des fondations! Il faudra creuser jusqu’à 1,80 m au lieu des 0,50 m prévus dans le devis et demande un supplément de 1 390 F.
Lors de la séance du 21 novembre 1921, le conseil déclare s’en tenir aux termes de l’engagement (20 000 F) vu qu’un sondage avait été effectué et prévoyait cette profondeur. Cependant, voulant reconnaitre la bonne facture du monument, il consent, à titre de gratification, d’allouer 800 F qui seront prélevés sur l’excédent des concessions du cimetière.
Le 15 janvier 1922, le maire dresse le bilan financier du monument. La souscription ayant rapporté 14 362,35 F, il manque 637,65 F pour financer les 20 000 F. Le conseil décide de prélever cette différence sur le budget prévu pour la société d’éclairage.
(Arch. dép. Sarthe 2 O 177/9)
Le journal « Ouest-Éclair »du 25 octobre 1921 offre un compte-rendu complet de l’inauguration du monument. Les rues du Lude sont abondamment pavoisées et décorées. Très tôt le matin, la cérémonie commence par l’évocation de 1870 où un vétéran de l’année de terrible offre aux poilus de la Grande guerre, un drapeau où semble passer dans un frisson, le vent de la victoire. Puis, un long cortège se forme pour assister à la messe. L’édifice est entièrement paré de tentures écarlates, brodées d’hermine et frangées d’or. Après la bénédiction du cardinal Dubois, Mgr l’Archevêque de Paris monte en chaire pour célébrer l’Union sacrée et apporter son hommage aux grands morts du Lude. Après l’absoute donnée par Mgr Dubois, le très long cortège se dirige vers le monument, Place de la Mairie. Mgr l’Archevêque de Paris bénit le monument. C’est une stèle de pierre blanche surmontée d’une croix de guerre. Sur la face principale est sculpté un motif de belle inspiration : un poilu grave penché sur un enfant auquel il montre l’œuvre accomplie : « Souviens-toi ! » Sur les autres faces sont gravés les noms des 120 soldats du Lude.
Peu à peu le ciel s’est lavé et c’est sous l’auréole d’un soleil de gloire que va se dérouler l’hommage officiel aux poilus défunts.
À 2h30, M. Henry Paté, ancien ministre, haut commissaire à la guerre que notabilités et sociétés sont allées saluer à son entrée dans la commune, au Pont de Loir, prend place aux côtés du cardinal Dubois sur la tribune élevée devant l’Hôtel de Ville.
La place est noire de monde.[..] M. de Talhouët maire et M.de Nicolaï conseiller général, célèbrent avec une délicate éloquence les vertus des soldats du Lude et convient leurs concitoyens à rester éternellement fidèles à leur mémoire et à s’inspirer toujours de leur noble exemple.[…] Saluant les vaillants morts, M. Ajam, député, conclut par ces mots : « Vous êtes morts pour la France, patrie de l’ordre, du progrès et de la paix, sources de toutes civilisations. »
Le discours de M. Paté est longuement applaudi. Un vin d’honneur met fin à cette mémorable journée.
Au cimetière
Aux enfants du Lude
morts pour la France
1914 1918
Sur la croix de cimetière, une plaque a été apposée sur le socle. Les noms de 123 soldats ont été gravés en lettres noires par ordre alphabétique sur cinq colonnes. Une deuxième plaque se trouve latéralement où les noms et prénoms des victimes de la guerre 1939-1945 ont été gravés en lettres blanches: 10 militaires, 17 déportés, 3 travailleurs et une victime en Afrique du Nord.
Causerie
[…] elle était si imposante et si émouvante notre cérémonie en l’honneur des morts de la paroisse.[…] Toutes les autorités locales, le conseil municipal avec à sa tête M. le marquis de TALHOUET, le conseil paroissial, les Vétérans, les démobilisés, le Patronage Saint Vincent, les gymnastes, les pupilles, les familles des Morts, les enfants des écoles étaient présents à cette cérémonie. […]Au cimetière, au pied du monument, M. le marquis de TALHOUET a si bien pensé et si bien dit sur les pupilles de la nation, ce qu’un Vétéran a exprimé au nom des combattants de 1870 : la défaite effacée par la Victoire, les sentiments d’affection et d’admiration que M. le comte de NICOLAY a si chaleureusement exprimés à ses anciens compagnons de lutte, tous heureux d’entendre celui qui fut pour eux plus un père qu’un chef militaire.
Lorsqu’au retour sur la place de la Mairie, tous nous avons salué le drapeau, n’avez-vous pas pensé que notre souvenir des Morts pour la patrie est immense comme le bleu de l’horizon, que leurs âmes innocentes sont blanches comme des lys, et que leur sang rouge et pur, semblable à celui des martyrs, a coulé pendant cinq ans dans de nouvelles catacombes et sauvé la Patrie qui à cet instant solennel soupire dans les plis du drapeau pour pleurer ses Morts, et qui le fait claquer au vent pour chanter la victoire ?
archives diocésaines bulletin paroissial de décembre 1919
Guerre 1870-1871
Cimetière
Pro Patria
Oublier Jamais
Cette pyramide en pierre se dresse à l’entrée du cimetière, cernée par une grille sur trois côtés. La sculpture se trouve en façade avec une couronne entrelacée de feuilles de laurier avec l’inscription « OUBLIER JAMAIS ».
Sur le socle, sculpté dans la pierre, l’inscription:
Aux enfants du canton du Lude
morts pour la Patrie
souscription publique par les soins de la 492e section
des vétérans des armées de terre de mer
inauguré le 6 novembre 1904
Guerre 1939-1945 plaque
Cimetière et sur le monument aux morts
Dans la liste des déportés qui figure sur une plaque du monument aux morts et sur la plaque du cimetière, la famille FEUERMANN: les parents Benedict et Rosalie et leurs trois enfants: Annie Léa née en Roumanie le 13/09/1922, Emmanuel né en Roumanie le 17/02/1925, Paul né en Gironde le 13/09/1929. La famille est arrivée au Lude en 1940. Ils sont tous arrêtés à leur domicile, sur dénonciation, le 9 octobre 1942 puis transférés au camp de Mulsanne. Ils sont dirigés vers Drancy le 18 octobre 1942 et transférés vers Auschwitz en 1943. (voir le site les déportés juifs de la Sarthe)
De même, la famille LEVY Simon et Reine qui étaient venus prendre leur retraite au Lude a été arrêtée à leur domicile le 9 octobre 1942, puis le camp de Mulsanne pour rejoindre Drancy et la déportation en Allemagne (site ci-dessus)
Ces deux familles ont été déportés car israélites. Leurs noms figurent aussi sur le mémorial, place de la Préfecture, au Mans.
Les treize déportés suite à la manifestation du 6 mars 1943
Ces faits sont rapportés dans l’article du journal Ouest-France du 4/5 mars 2023:
80 ans après une manifestation qui aura valu la déportation à ses organisateurs, dimanche, plusieurs associations mémorielles et d’anciens combattants organisent une cérémonie commémorative pour honorer la mémoire de ces habitants du Lude qui se sont opposés à la collaboration. « C’est seulement la troisième fois qu’on organise cet évènement, après les 60e et 70e anniversaires en 2003 et 2013 » indique Yves Voisin, responsable de l’association des déportés, internés, résistants et patriotes de la Sarthe.
Le 6 mars 1943, en plaine occupation nazie, une poignée de jeunes du Lude et de ses alentours se sont entendus pour protester contre le régime de Vichy, à l’occasion de la visite médicale imposée dans le cadre su Service du Travail Obligatoire (S T O ), instauré un mois plus tôt. « Initialement, ils ont voulu manifester pour honorer la mémoire des soldats de la guerre de 1914-1918 en organisant une cérémonie aux monument aux morts, avec drapeaux tricolores et en chantant la Marseillaise », souligne Yves Voisin. Leur appel a été entendu et, spontanément rejoints par des anciens combattants de la Grande Guerre, ils ont été une bonne centaine à défiler dans les rues du Lude et à scander des slogans hostiles à l’occupant et aux « collabos ».
Malheureusement, cet acte de Résistance a été impitoyablement réprimé les jours qui ont suivi et une série d’arrestations et d’interrogatoires de la Gestapo ont eu lieu pour identifier, et mettre aux fers les instigateurs de la manifestation. Treize jeunes Ludois ont finalement été déportés vers les camps de concentration de Mathausen, Buchenwald et Dora. A la fin de la guerre, seuls six survivants sont rentrés au Lude.
Parmi eux, Georges Lethielleux, qui aura passé le reste de sa vie à témoigner de l’horreur des camps et à faire vivre la mémoire de ses compagnons d’infortune. « Il est retourné plusieurs fois à Mathausen, en organisant des voyages avec des élèves et a milité pour que l’on ne détruise pas le camp, dans un souci de garder cette mémoire », confie Yves Voisin.
Aujourd’hui tous disparus, les manifestants de 1943 seront honorés, dimanche, par un petit défilé qui suivra une partie du tracé qu’ils ont suivi il y a 80 ans.
article signé Yohann BOURGIN
Guerre 1939-1945
Au bord de la D306, en sortie de ville vers La Flèche
A la mémoire des 19 citoyens soviétiques déportés
victimes de la barbarie nazie en avril 1944 au Lude
Dans le cadre de l’opération Todt, des travaux ont été réalisés à Luché-Pringé, pour transformer d’anciennes caves à champignons en lieux fortifiés destinés à la fabrication des V1 et V2. Ces travaux étaient exécutés par des femmes russes prisonnières, déportées, surveillées par des soldats de la Wehrmacht. Elles étaient détenues au lieu-dit « Ris-Oui » au Lude, dans des conditions extrêmement difficiles, sous-alimentées.
Cette stèle érigée par une association franco-soviétique près du lieu de leur détention rend hommage à celles qui ont perdu la vie dans ce bagne.