Lavoir
Rue du Chédouet, route de Roullée
C’est un peu contraint que le Conseil municipal vote, le 14 août 1868, le projet de construction d’un lavoir public sur le Chédouet. « La commune ne peut contribuer mais approuve par avance les souscriptions qui seront faites ». Le préfet promet un secours sur « les fonds d’amendes correctionnelles » à la clôture des souscriptions. Sur les 1 000 F du devis, les souscripteurs apportent 425 F. Malgré cela, le maire reste intransigeant et ne fait aucun sacrifice au budget, il n’alloue que 100 F. Le projet est sur le point d’échouer car « ce lavoir ne peut être considéré d’utilité générale » selon la municipalité. Est-ce parce que la propriété du maire est atteinte par la dérivation du ruisseau? Une solution est en vue: la dérivation se fera sur un terrain communal et le rapport du Conseil du Bâtiment civil propose « l’établissement d’un bassin pour lavoir avec hangar sur un des côtés ». Une partie seulement des travaux sera effectuée pour ne dépenser que les 525 F disponibles. Le préfet accorde 35 F. Mais « par suite des malheurs, les travaux n’ont pu être mis en activité que vers juillet 1871 ». Le 21 août 1871, pour payer le maçon, le maire sollicite le percepteur. Surprise! Celui-ci ignorait le commencement des travaux ! Le 25 août 1871, le maire et l’architecte se rencontrent sur le chantier. Surprise ! Le lavoir ne ressemble en rien à ce qui avait été autorisé ! Au lieu d’être perpendiculaire à la route, à cheval sur le ruisseau pour que l’eau s’écoule, il est parallèle. En fait, le lavoir est un fossé où les laveuses manquent de place pour circuler et poser le linge derrière elles. Le maire aurait donné des plans avant de partir en voyage. Quand il est rentré cinq jours après, le lavoir était achevé. L’architecte ne veut pas accepter les travaux. Malgré le peu de conformité avec ce qui avait été prévu, le préfet alloue 300 F.
(Arch. dép. Sarthe, 2 O 139/9)
Cette construction a été refaite puisqu’actuellement, l’écoulement de l’eau du bassin, gardant la trace de la vanne, passe sous le lavoir.
En 2003, Madame Blanche dans un recueil historique sur La Fresnaye note qu’il « vient d’être habilement restauré, il est couvert de tuiles alors que bien d’autres sont affligés de tôle ondulée » (mairie de La Fresnaye)
Lavoirs en forêt
En 1899, le service des Eaux et Forêts accorde à la commune une concession en forêt pour six abreuvoirs, cinq lavoirs (bassins) dont Chédouet, le Goulet et la fontaine du Cruchet. Cette tolérance est consentie pour 9 ans moyennant une redevance annuelle de 1F et des obligations pour les habitants.
(Arch.dep.Sarthe 7 M 746)
Monument aux morts
Place de l’église
Le monument est situé au fond de la place; il garde son entourage avec une grille blanche. Le décor de la pyramide en granit est sobre, composé d’éléments sculptés dans la pierre et d’une croix de guerre et palme en façade. Les noms des 36 soldats sont gravés en lettres dorées, par ordre alphabétique sur les faces latérales du socle, la dédicace étant en façade.
Trois noms ont été ajoutés au bas du monument pour la guerre 1939-1945 mais ils se trouvent cachés par la jardinière:
DENIS A., GUENIN G., NEVEU E.
Le 1er octobre 1920, le conseil décide de nommer une commission pour se renseigner sur les modèles de monuments aux morts et demander des devis aux entrepreneurs de la région. Le mois suivant, cette commission rend compte de ses recherches. Elle a fixé son choix sur un modèle proposé par M. Chabilleau, 53 rue Saint-Blaise à Alençon, soit le n°1029 RR, d’une hauteur de 2,72m, en granit belge au prix de 2 400 F et 600 F pour une grille à lance avec porte de 2 m sur 2 m. Il faut ajouter la gravure des lettres en doré à 0,60 F la lettre. Le conseil adopte le projet.
Mais la commission préfectorale juge que le monument est trop près de l’église. La réaction municipale est unanime à contredire cet avis ! Pourtant en avril 1921, sur l’insistance de la commission, le conseil choisit le milieu de la place de l’Église pour poser le monument. Le projet est adopté en attendant…le nombre de morts. En juin, M. Chabilleau signe le traité définitif, comme décrit plus haut .
(Arch. dép. Sarthe 2 O 139/9)
Un an après, la commune inaugure son monument, le jour du comice, le 2 octobre 1921 ! D’après le journal, ce fut une belle fête patriotique et agricole. Ce dimanche-là, la présentation des animaux au comice devait être finie avant 11 heures , heure du rassemblement de l’harmonie d’Essai(61), des autorités administratives et militaires, des élus et des villageois pour la grand-messe et l’absoute. L’inauguration de la plaque commémorative fut suivie de la remise du drapeau à l’U.N.C. et de la bénédiction du monument aux morts. Ce pieux hommage se termina par un banquet de 400 personnes. De nombreux discours furent énoncés pour rappeler le sens de la cérémonie du matin. Cependant, M. d’Aillières ne manqua pas de féliciter les agriculteurs pour leurs prix obtenus au concours du comice.
journal Ouest-Éclair du 8 octobre 1921
Monument paroissial
Nef de l’église
Ce monument est constitué d’une plaque de marbre enchâssée dans un cadre en bois dont la partie inférieure est pourvue d’une tablette sur laquelle reposent deux urnes en bois. La plaque est surmontée d’une statue de Jeanne d’Arc en plâtre posée sur une console. Jeanne d’Arc, en pied et en armure, brandissant son étendard et tenant l’épée devant la poitrine, lève victorieusement les yeux vers le ciel. La figure est encadrée de bouquets de palmes liés par des rubans tricolores peints. La partie inférieure du cadre renferme des palmes de chêne et la croix de guerre. L’ensemble se détache sur un décor peint à l’huile sur un enduit de plâtre. Le décor est constitué d’un cadre divisé en quatre parties soulignées chacune d’un bandeau bicolore rouge et blanc sur un fond bleu. Le centre est décoré de rayons jaunes disposés autour de la statue. Des pochoirs ont été utilisés pour reporter les motifs végétaux peints sur la paroi.
Le monument aux morts érigé dans l’église paroissiale de la Fresnaye-sur-Chédouet est une commande à la fois municipale et paroissiale. Il a vraisemblablement été exécuté en deux étapes. Dans un premier temps, la plaque a été offerte par le conseil municipal pendant l’été 1920. Puis dans un second temps, elle a été enchâssé dans un décor peint exécuté lors de la mise en couleur de l’église. Celle-ci date du début du pontificat de Pie XI (6 février 1922) car ses armes sont représentées avec celles du cardinal Grente sur le bandeau ornemental placé sous la sablière de la charpente. L’inauguration du monument aux morts communal érigé sur la place de l’église eut lieu le 2 octobre 1921. La liste des morts y est identique à celle du monument de la paroisse.
(inventaire du patrimoine des Pays de la Loire)
Les noms des 36 soldats sont gravés en lettres dorées, par ordre alphabétique, sur deux colonnes.
Comme indiqué ci-dessus, le monument paroissial fut béni le même jour que le monument communal, le 2 octobre 1921.
Guerre 1939-1945 plaque
Près de la fontaine Cruchet au hameau des Ventes-du-Four
A la fontaine du Cruchet au hameau des Ventes-du-Four, commune de La Fresnaye-sur-Chedouet, vendredi 18 août 2023, le maire et des conseillers municipaux avaient rendez-vous avec Mireille Ventura, 93 ans, pour l’inauguration de cette plaque.
Mireille Ventura rappelle: Habitant la région parisienne au début des années 1900, aux beaux jours mes parents venaient en pension chez la famille Leboeuf, et en 1937 ils ont loué une petite maison où nous sommes venus nous réfugier pendant la Seconde Guerre mondiale. J’ai en mémoire toute cette période de 1939-1944, où les familles Leboeuf, Patel, Malitourne, Chopard, Champain, Debonne, Godefroy…du hameau des Ventes-du-Four, nous alertaient de la présence des troupes allemandes pour aller nous cacher en forêt et ainsi leur échapper.
Mireille Ventura poursuit: De cette période où de nombreuses familles locales accueillaient des enfants en nourrice, je me souviens de Georges Edestien, nourrisson juif, accueilli chez Madame Godefroy, où il est resté jusqu’à l’âge de 17 ans en 1945, et avec qui j’ai entretenu une correspondance jusqu’à sa mort. Nous avons été très bien accueillis par la population et le secrétaire de mairie, et j’ai en mémoire que cinq familles juives étaient accueillies dans ce hameau et cinq autres dans la commune de Louzes toute proche. Aujourd’hui, je voue une profonde reconnaissance à toutes ces familles qui, au péril de leur vie, ont su nous protéger.
Et Monsieur le maire d’ajouter: Sur le territoire de La Fresnaye-sur-Chédouet, il n’y a pas d’archives sur cette période historique, mes parents et d’autres habitants n’avaient pas forcément envie d’en parler; c’est important que vous ayez émis le souhait de faire vivre votre mémoire de cette période. C’est important aujourd’hui d’être là et nous avons voulu en témoigner par la mise en place d’une plaque commémorative sur cette période difficile, à la mémoire de toutes ces familles qui ont accueilli ces habitants, et nous les en remercions.
(article du Maine Libre du 21 août 2023)
Guerre 1939-1945: à la recherche de vestiges en forêt de Perseigne
Habitant de La Fresnaye-sur-Chédouet, Dominique Daniel est passionné par cette période de l’Histoire et, depuis la fin des années 1970, il se documente, prospecte à la recherche de vestiges.
A la fin du conflit, au printemps 44, les Allemands ont installé deux immenses dépôts de munitions et de carburant dans la forêt de Perseigne.
Le premier était long de plus d’un km et le second de 500 mètres environ. Aujourd’hui, il reste la trace des emplacements. On voit encore que le sol a été creusé pour installer ces structures. Une tâche qui avait été imposée aux gens du coin. D’ailleurs, beaucoup qui n’étaient pas d’accord pour travailler pour les Allemands cassaient leur pelle ou se faisaient porter pâle pour retarder l’avancée du chantier. Avec la construction de ces dépôts, les gens n’avaient plus le droit de venir en forêt. Elle était déjà stratégique puisque l’ennemi avait installé un poste d’écoute sur le haut du belvédère. Là, elle le devenait encore davantage.
Des prisonniers africains français qui étaient contraints de travailler aux dépôts de munitions et de carburant ont tenté de s’enfuir à la Croix-Pergeline. Quatre ont été fusillés le 10 août 1944 puis enterrés au cimetière de Saint-Rigomer-des-Bois: Konate Flis, Bertrand Gozema, Joseph Cicci et Bangoura Karifala.
Dominique Daniel
En fait, les trois premiers furent fusillés le 6 août 1944 et le quatrième le 10 août 1944 et ils sont enterrés tous les quatre au cimetière de Neufchâtel-en-Saosnois.
22 juin 1944: un avion allemand Messerschmitt s’écrase en forêt. Le pilote qui a sauté en parachute a été pris pour un Américain par les Allemands qui l’ont tué. Les faits se sont produits près de la Fontaine-Pesée, à Ancinnes.
En 2001, le trou de l’impact était toujours visible. Le moyeu de l’hélice a pu être récupéré, ainsi que des bouts de la sangle du pilote et des morceaux de l’avion.
23 juin 1944: un autre crash survenu à Saint-Rigomer-des-Bois, celui d’un bimoteur de type Junker 88. Dominique Daniel a pu récupérer des pièces de l’avion. A côté, il reste un petit monument, qui n’est plus aujourd’hui qu’un petit tas de pierres, la croix qui le surmontait a disparu.
Les gars avaient cramé, sauf un qui s’en était tiré. Il avait alors indiqué à Abel Boissier, un forestier qui était arrivé sur les lieux du drame: « Gross malheur Cinq camarades kaput »
9 août 1944, un blindé allemand est détruit en forêt, à un endroit de Neufchâtel-en-Saosnois appelé « le virage aux Allemands ». Cinq corps avaient été enterrés sur place avant d’être relevés le 19 mai 1961 puis transférés dans un cimetière allemand près du Mont-Saint-Michel. (article du Maine-Libre du 4 juillet 2021)
Sorti aux éditions de l’Etrave, « Six ans de guerre en Perseigne » Abel Boissier 2021