Ruaudin

Lavoir du bourg

Route de Brette les Pins

Il fut vraisemblablement construit à la fin du XIXe siècle: M. DESMOTS fut instituteur à Ruaudin dans les années 1880-1890 et le lavoir figure sur la carte postale datant du début du XXe siècle.

(archives municipales)

Dans les années 1980, la question de sa restauration ou de sa destruction est discutée au Conseil municipal. En 1986, 40 000 F sont nécessaires pour le remettre en état. Il est alors entouré et couvert en tôles. Trop cher, au moment où la commune s’engage dans la construction d’un groupe scolaire primaire. Et si le travail était fait par les bénévoles ! Joël BESNARD, élu municipal, va se charger de négocier l’achat des matériaux. Pendant six semaines, à la fin de l’été, une dizaine de bénévoles vont se retrouver pour redonner vie au lavoir. La charpente est entièrement démontée puis rehaussée. Les pierres de la démolition du Plessis vont servir pour la maçonnerie. Les 3000 tuiles récupérées dans le Belinois sont brossées une à une et posées. Le tout n’a coûté que 10 000 F à la municipalité.

Monument aux morts

Cimetière
 

Cette pyramide en pierre se trouve face à l’ancienne entrée du cimetière, avant son agrandissement. Elle porte une croix de guerre sculptée et est surmontée par une croix latine. Les noms de 31 soldats sont gravés en lettres dorées, par ordre alphabétique, les gradés en tête, sur une plaque de marbre blanc fixée sur le socle. Une plaque a été ajoutée pour 4 victimes de la guerre 1939-1945 et une plaque pour une victime de la guerre d’Algérie.

(Arch. dép. Sarthe 2 O 262/7 et archives municipales)

Monument paroissial

Il n’y a pas de monument paroissial dans cette commune.

Guerre 1870-1871

Cimetière

Dans le cimetière, route de Parigné-l’Evêque, les deux tombes marquent le passage des troupes prussiennes en 1870-71 et les combats qui ont eu lieu sur la commune.

tombe française
tombe allemande
pierre tombale

(Rapport de 1878 de M. de Marcère ministre secrétaire d’État au département de l’Intérieur; exécution de la loi du 4 avril 1873 relative aux tombes des militaires morts pendant la guerre 1870-1871)

Guerre 1939-1945 Hommage à Fernand et Ferdinand Boutier

Salle du conseil municipal
sculpture placée devant la salle du conseil municipal

Fernand Boutier, instituteur du village et son fils Ferdinand Boutier, tous deux résistants et appartenant à l’Armée secrète ont été arrêtés en 1944: le jeune lycéen est arrêté au Mans, le 21 février; son père est arrêté le 24 mars, dans la cour de récréation de l’école, devant ses élèves. Ils furent déportés à Neuengamme et n’en reviendront pas. L’école porte le nom de Fernand Boutier. Une sculpture, allégorie de la paix, a été réalisée par Jean-Pierre Renard et installée en 2009 devant la salle du conseil municipal où était déjà apposée une plaque.

plaque sur le mur de la salle du conseil municipal
plaque explicative pour Fernand et Ferdinand Boutier

Né le 23 août 1924, il est lycéen au moment de la guerre. Pour le 11 novembre 1940, jeune militant socialiste, il s’entend avec Pierre Rouxin, jeune communiste pour rendre hommage aux victimes de la Première Guerre mondiale. Avec des camarades du Lycée de Garçons du Mans, ils fleurissent le monument aux morts de leur établissement. Ferdinand est très apprécié de l’un de ses professeurs, Roger Bouvet qui remarque sa droiture, son courage, son engagement total pour la liberté. Il participe à un réseau d’évasion de l’Armée secrète: il recueille des aviateurs anglais, les cache, les ravitaille puis les accompagne jusqu’aux Pyrénées où il les confie à des passeurs. Victor Daum, responsable de l’Armée secrète utilise souvent son élève comme agent de liaison et lui demande de servir d’intermédiaire auprès d’Abel Tirand qui dirige le secteur de Parigné-l’Évêque.

Lors de son discours de fin d’année, en juin 1945, Jules Bréant proviseur de l’établissement note que Victor Daum , révoqué de ses fonctions d’Inspecteur d’Académie en Alsace par Vichy, arrive au lycée en janvier 1942.

Au début de 1944, des armes et des explosifs parachutés dans la région de Sillé-le-Guillaume sont transférés à la ferme du Pot où les Boutier aident à les dissimuler sous des meules de paille avec la complicité des agriculteurs. Le 13 février 1944, Abel Tirand décide leur transfert sur Parigné-l’Évêque, dans une ferme plus proche de la grande route Le Mans- La Chartre-sur-le-Loir. Mais le 21 février 1944, Ferdinand est arrêté au Mans en se rendant chez Roger Bouvet. Emprisonné dans les bâtiments des Archives, il est torturé puis envoyé au camp de transit de Compiègne-Royallieu le 31 mai d’où il repart pour Neuengamme où il devient le numéro 34 117. Il y meurt le 2 août 1944. Il fait partie de ces très jeunes combattants sarthois qui ont perdu la vie pour défendre ce bien qu’ils jugeaient suprême: notre Liberté.

(voir livre « 200 figures de la Résistance et de la Déportation en Sarthe » de Joseph Estévès I T F 2009)

Né en 1891 à Vaiges (Mayenne), il devient instituteur dans la Sarthe après la Grande Guerre, exerce dans la région de Fresnay-sur-Sarthe puis s’installe à Ruaudin comme directeur d’école. Il partage avec sa femme la charge de secrétaire de mairie. Grand brûlé, il a été réformé à cause d’une atrophie du bras gauche et n’a donc pas été mobilisé en 1914.

A partir de l’été 1940, une centaine d’Allemands environ prennent position dans le village, réquisitionnant des chambres chez l’habitant, les salles de bal, le presbytère… Fin 1943, Fernand Boutier rejoint l’Armée secrète; comme son fils, il entre dans le groupe Le Mans-Sud. Membre du réseau Action des Forces Françaises Combattantes, il participe au début de l’année 1944 à des transports d’armes et d’explosifs et à leur dissimulation dans les environs de Ruaudin. Hélas son fils est arrêté le 21 février 1944. Un mois plus tard, les Allemands découvrent les caches d’armes près de Parigné et arrêtent Abel Tirand dans son bureau de percepteur. Au même moment, le 23 mars 1944, les hommes de la Gestapo pénètrent dans la cour de l’école de Ruaudin (salle du conseil aujourd’hui). Fernand Boutier surveille ses élèves en récréation; il est embarqué devant sa femme anéantie et ses élèves très émus. Emprisonné aux Archives, il se serait dénoncé pour essayer de disculper et faire libérer les agriculteurs impliqués. Fin mai, il est transféré à Compiègne où il retrouve son fils.Départ pour Neuengamme le 7 juin 1944 où il devient le numéro 34 118. Il y meurt le 25 mars 1945. Son épouse, Octavie, apprend la double tragédie, deux mois plus tard.

(voir livre « 200 figures de la Résistance et de la Déportation en Sarthe » de Joseph Estévès I T F 2009)

Fernand Boutier avec ses collègues et les enfants du Certificat d’Études en 1941

Guerre 1939-1945 Hommage à Marcel Létang

Route de Brette-les-Pins au n°11 et place Marcel Létang
plaque Marcel Létang et explications
au n°11 route de Brette les Pins

Cette plaque avait été apposée sur cette maison qui fut son domicile, par ses camarades de la fonderie. Elle avait été enlevée et gardée par le propriétaire. Elle a été remise le 29 juin 2011, avec un panneau explicatif lors d’une cérémonie, en présence de son fils notamment. Son nom avait déjà été donné à la place située derrière la salle du conseil municipal.

             Hommage lors de la remise en place de la plaque sur sa maison

Chaque jour de l’année scolaire, des collégiens et des lycéens de Ruaudin se retrouvent place « Marcel Létang ». Qui était cet homme dont on a donné le nom à cette place au printemps 1982 et qui nous réunit aujourd’hui ?

nom de son père sur le monument aux morts de Parigné-l’Evêque

Né le 12 novembre 1913 à Parigné l’Evêque, il n’a pas eu le temps de connaître son père ; celui-ci est mort au combat au tout début de la 1ère guerre mondiale , en septembre 1914 à Pontoise. Son père dont le corps n’a jamais été retrouvé est déclaré « mort pour la France ». Marcel , « pupille de la Nation » est élevé par sa mère.

Il fait son service militaire dans le 106ème régiment d’artillerie lourde comme « canonnier servant » et reçoit un certificat de bonne conduite en octobre 1935. Il se marie à Ruaudin le 17 avril 1934 avec Andrée Laloue ; il est alors aide de culture. De cette union , naissent deux enfants Andrée en 1935 (décédée en 1999) et Marcel en 1940, qui est présent ici. Eux aussi vont devenir des « pupilles de la Nation »après la disparition de leur père.

Marcel Létang a travaillé à la Cartoucherie au Mans ; celle-ci est tombée aux mains des allemands le 18 juin 1940 et elle est démantelée ; les alliés la bombardent au printemps 1944 . À compter de janvier 1942, Marcel Létang est employé comme « démouleur de segments » à la Société Mancelle de fonderie au Mans. Selon les témoignages recueillis, il était reconnu comme un homme travailleur. Certains se souviennent du bois qu’il abattait, sciait et entassait en dehors de ses heures de travail à l’usine. En cette période difficile du début de la seconde guerre, il allait aussi travailler dans les fermes de la commune. C’était un travailleur qui osait affirmer tout haut ses convictions patriotiques face à l’armée d’occupation.

Le 21 septembre 1943, il est arrêté, ici, chez lui. Le motif de son arrestation noté dans la fiche de renseignements de la Préfecture est : «audition des émissions de radio anglaise et diffusion de ces informations ». Il est détenu à la Maison d’arrêt du Mans jusqu’au 12 décembre 1943. Sa femme ira le voir presque tous les jours et elle sera elle-même emmenée en voiture pour être interrogée à la Kommandantur – à elle de se débrouiller pour revenir à Ruaudin par ses propres moyens. Puis Marcel Létang est transféré au camp de Compiègne Royallieu. Le 14 décembre, à 12h il est acheminé avec 932 autres détenus vers le camp de concentration de Buchenwald près de Weimar.

Dans ce convoi, étaient présents Christian Pineau, arrêté en mai 1943 dont certains sarthois se souviennent encore comme conseiller général et député socialiste de la Sarthe et André Marie arrêté en septembre 1943, qui fut plusieurs fois ministre sous la IVème République. Tous deux sont arrêtés pour leur activité dans la Résistance.  Ils arrivent à Buchenwald dans la nuit du 16 au 17 décembre par un froid glacial de –15°C. Marcel Létang devient le matricule 38914. Dépouillé de tous ses effets personnels, tondu, revêtu de guenilles, étiqueté d’un triangle rouge (couleur des déportés politiques) avec un F pour français, il ne sera plus que ce matricule. Dans les camps de concentration, on n’est plus personne seulement un numéro-à apprendre immédiatement  par cœur et en allemand. Ainsi passe-t-on en quelques heures de l’état civil et civilisé à celui de gueux et d’esclave anonyme du régime nazi. Le convoi de Marcel Létang de décembre 1943 est le 5ème grand convoi depuis août et sera suivi de cinq autres au début de 1944.

Pourquoi une telle ampleur de la déportation de répression ?

  • des arrestations plus nombreuses à mesure que la Résistance grandit, se structure et que les polices française et allemande se font plus efficaces
  • la saturation des lieux d’internement allemands de Compiègne et Romainville  et des quartiers allemands des prisons françaises
  • et surtout l’intégration des camps de concentration dans l’économie de guerre allemande. Après les déboires militaires sur le front russe et l’entrée des États-Unis dans la guerre, l’Allemagne doit mobiliser un nombre accru de soldats. Ces départs vers le front seront compensés par l’emploi d’une main d’œuvre esclave de prisonniers et déportés.

Après le passage dans le « petit camp » où sont isolés tous les déportés qui arrivent, entassés sous des tentes, affamés, maltraités, peut-être Marcel se sera-t-il retrouvé dans le bloc 34 . En effet, c’est dans ce bloc que se sont regroupés une grande partie des survivants de ce convoi après le passage au « petit camp ». Cet îlot de résistance française avec des personnalités comme Christian Pineau a tenté d’organiser une solidarité entre les déportés pour résister à la barbarie nazie. Malheureusement Marcel Létang comme tant d’autres sera broyé par le système concentrationnaire. Il y meurt le 13 mai 1944.

Écrire c’est témoigner. Laissons la parole au poète Robert Desnos dont on a retrouvé son dernier poème dans la poche de ses guenilles, poème dédié à sa bien aimée

            « J’ai rêvé tellement fort de toi,

J’ai tellement marché, tellement parlé, tellement aimé ton ombre,

Qu’il ne me reste plus rien de toi,

Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres,

D’être cent fois plus ombre que l’ombre

D’être l’ombre qui viendra et reviendra

Dans ta vie ensoleillée. »

Que la remise de cette plaque à la mémoire de Marcel Létang soit la continuité de ce devoir de mémoire.

sur le monument de la Cartoucherie, rue de Pied Sec au Mans
Marcel Létang
sur le mémorial de la déportation, place de la Préfecture au Mans

Guerre 1939-1945 Stèle Dakota

Chemin des Bondes

Le 30 janvier 1946, le DAKOTA KN 500 (525 Sqn) de la RAF, ayant quitté Istres le matin pour se rendre à sa base (Membury) en Angleterre s’est écrasé vers 18h, dans le pré, à proximité de cet endroit. Les 11 officiers et sous-officiers à bord, dont la plupart avaient participé aux combats de la guerre 1939-1945, ont péri dans cette tragédie. Ils reposent au cimetière britannique du Grand-Lucé.

Ce monument se trouve sur le chemin qui est à la limite entre Teloché et Ruaudin. Le crash de l’avion Dakota du 30 janvier 1946 a eu lieu dans le pré derrière ce monument, situé sur la commune de Teloché. Les recherches menées par deux Ruaudinois: Claude Blondeau et Gérard Chartier, ont abouti à la pose de cette stèle en granit rose sur laquelle une plaque explicative bilingue a été apposée. La cérémonie d’inauguration a eu lieu le 3 mai 2008 en présence de nombreuses personnes dont des membres des familles des victimes.

Hommage lors de la cérémonie du 3 mai 2008

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs les membres des familles des officiers et sous-officiers victimes de l’accident du Dakota KN 500,

Mesdames et Messieurs les Députés, Conseillers généraux, Maires, Conseillers municipaux,

A vous tous qui êtes aujourd’hui rassemblés ici près des lieux du drame du 30 janvier 1946 pour honorer la mémoire de :

  • Flying Officer Victor Albert BAIN ,
  • Flight Sergeant Eric Edward BARTLETT,
  • Flying Officer Norman Leslie BROWN,
  • Warrant Officer Joseph Edmund EDWARDS,
  • Flight Lieutenant Lancelot Benjamin Albert ELIAS, DFC
  • Flight Lieutenant Victor Franck FUNNELL,
  • Flight Lieutenant KNOWLES,
  • Flight Lieutenant William Atkinson SCOTT,
  • Flight Lieutenant Harry Raymond SHEPHARD, DFC
  • Flying Officer James STEPHEN,
  • Flight Lieutenant Stephen Maurice TUGWELL,

Nous vous remercions toutes et tous de votre présence. Claude Blondeau, Gérard Chartier

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