Lavoir du bourg
Route de Brette les Pins
La municipalité achète ce lavoir au bord du Roule Crotte, en juin 1941, pour 3000 F à M. DESMOTS instituteur honoraire demeurant au Mans. Il sera entretenu par M. BATTEUX charpentier.
Il fut vraisemblablement construit à la fin du XIXe siècle: M. DESMOTS fut instituteur à Ruaudin dans les années 1880-1890 et le lavoir figure sur la carte postale datant du début du XXe siècle.
(archives municipales)
Dans les années 1980, la question de sa restauration ou de sa destruction est discutée au Conseil municipal. En 1986, 40 000 F sont nécessaires pour le remettre en état. Il est alors entouré et couvert en tôles. Trop cher, au moment où la commune s’engage dans la construction d’un groupe scolaire primaire. Et si le travail était fait par les bénévoles ! Joël BESNARD, élu municipal, va se charger de négocier l’achat des matériaux. Pendant six semaines, à la fin de l’été, une dizaine de bénévoles vont se retrouver pour redonner vie au lavoir. La charpente est entièrement démontée puis rehaussée. Les pierres de la démolition du Plessis vont servir pour la maçonnerie. Les 3000 tuiles récupérées dans le Belinois sont brossées une à une et posées. Le tout n’a coûté que 10 000 F à la municipalité.
Monument aux morts
Cimetière
Cette pyramide en pierre se trouve face à l’ancienne entrée du cimetière, avant son agrandissement. Elle porte une croix de guerre sculptée et est surmontée par une croix latine. Les noms de 31 soldats sont gravés en lettres dorées, par ordre alphabétique, les gradés en tête, sur une plaque de marbre blanc fixée sur le socle. Une plaque a été ajoutée pour 4 victimes de la guerre 1939-1945 et une plaque pour une victime de la guerre d’Algérie.
En 1919, un premier projet avec le sculpteur Gaullier n’avait pas été retenu. Le conseil municipal du 12 juin 1920, suite au devis de 4500 F, choisit le projet de Bachelot fils, entrepreneur de monument funéraire, rue de Villeneuve au Mans. Le marché est conclu en novembre. La souscription de 1576F permettra de payer en partie ce monument réalisé en pierre de Lavoux.
(Arch. dép. Sarthe 2 O 262/7 et archives municipales)
Monument paroissial
Il n’y a pas de monument paroissial dans cette commune.
Guerre 1870-1871
Cimetière
Dans le cimetière, route de Parigné-l’Evêque, les deux tombes marquent le passage des troupes prussiennes en 1870-71 et les combats qui ont eu lieu sur la commune.
Les corps de 7 militaires français enterrés dans le cimetière et en dehors ont été réinhumés dans une concession de 2 mètres. 3 militaires allemands inhumés dans les champs ont été transférés au cimetière, où l’État a acquis une autre concession de 2 mètres. Les deux tombes sont entourées de grilles en fer. Les propriétaires des terrains occupés ont été indemnisés.
(Rapport de 1878 de M. de Marcère ministre secrétaire d’État au département de l’Intérieur; exécution de la loi du 4 avril 1873 relative aux tombes des militaires morts pendant la guerre 1870-1871)
Guerre 1939-1945 Hommage à Fernand et Ferdinand Boutier
Salle du conseil municipal
Fernand Boutier, instituteur du village et son fils Ferdinand Boutier, tous deux résistants et appartenant à l’Armée secrète ont été arrêtés en 1944: le jeune lycéen est arrêté au Mans, le 21 février; son père est arrêté le 24 mars, dans la cour de récréation de l’école, devant ses élèves. Ils furent déportés à Neuengamme et n’en reviendront pas. L’école porte le nom de Fernand Boutier. Une sculpture, allégorie de la paix, a été réalisée par Jean-Pierre Renard et installée en 2009 devant la salle du conseil municipal où était déjà apposée une plaque.
Né le 23 août 1924, il est lycéen au moment de la guerre. Pour le 11 novembre 1940, jeune militant socialiste, il s’entend avec Pierre Rouxin, jeune communiste pour rendre hommage aux victimes de la Première Guerre mondiale. Avec des camarades du Lycée de Garçons du Mans, ils fleurissent le monument aux morts de leur établissement. Ferdinand est très apprécié de l’un de ses professeurs, Roger Bouvet qui remarque sa droiture, son courage, son engagement total pour la liberté. Il participe à un réseau d’évasion de l’Armée secrète: il recueille des aviateurs anglais, les cache, les ravitaille puis les accompagne jusqu’aux Pyrénées où il les confie à des passeurs. Victor Daum, responsable de l’Armée secrète utilise souvent son élève comme agent de liaison et lui demande de servir d’intermédiaire auprès d’Abel Tirand qui dirige le secteur de Parigné-l’Évêque.
Lors de son discours de fin d’année, en juin 1945, Jules Bréant proviseur de l’établissement note que Victor Daum , révoqué de ses fonctions d’Inspecteur d’Académie en Alsace par Vichy, arrive au lycée en janvier 1942.
Il a repris son enseignement de l’histoire: belle occasion pour préparer nos lycéens à la lutte clandestine puis ouverte contre les boches. Mais, écartant prudemment toute offre de volontaires trop jeunes et insuffisamment trempés, il n’accepte que celle d’un seul de ses grands élèves BOUTTIER Ferdinand, un « Philosophe », taille d’athlète, regard et voix d’une douceur quasi féminines, front têtu, obstinément muet sur ses « occupations extra-scolaires », remarquable de sang-froid et de décisions (pour citer son chef lui-même) constamment en voyage, chargé de toutes les missions dangereuses, liaisons difficiles, transports d’armes audacieux (son plus bel exploit fut la traversée du Mans avec un camion chargé de 5 tonnes en plein jour, au milieu d’une colonne de camions allemands).
Au début de 1944, des armes et des explosifs parachutés dans la région de Sillé-le-Guillaume sont transférés à la ferme du Pot où les Boutier aident à les dissimuler sous des meules de paille avec la complicité des agriculteurs. Le 13 février 1944, Abel Tirand décide leur transfert sur Parigné-l’Évêque, dans une ferme plus proche de la grande route Le Mans- La Chartre-sur-le-Loir. Mais le 21 février 1944, Ferdinand est arrêté au Mans en se rendant chez Roger Bouvet. Emprisonné dans les bâtiments des Archives, il est torturé puis envoyé au camp de transit de Compiègne-Royallieu le 31 mai d’où il repart pour Neuengamme où il devient le numéro 34 117. Il y meurt le 2 août 1944. Il fait partie de ces très jeunes combattants sarthois qui ont perdu la vie pour défendre ce bien qu’ils jugeaient suprême: notre Liberté.
(voir livre « 200 figures de la Résistance et de la Déportation en Sarthe » de Joseph Estévès I T F 2009)
Né en 1891 à Vaiges (Mayenne), il devient instituteur dans la Sarthe après la Grande Guerre, exerce dans la région de Fresnay-sur-Sarthe puis s’installe à Ruaudin comme directeur d’école. Il partage avec sa femme la charge de secrétaire de mairie. Grand brûlé, il a été réformé à cause d’une atrophie du bras gauche et n’a donc pas été mobilisé en 1914.
A partir de l’été 1940, une centaine d’Allemands environ prennent position dans le village, réquisitionnant des chambres chez l’habitant, les salles de bal, le presbytère… Fin 1943, Fernand Boutier rejoint l’Armée secrète; comme son fils, il entre dans le groupe Le Mans-Sud. Membre du réseau Action des Forces Françaises Combattantes, il participe au début de l’année 1944 à des transports d’armes et d’explosifs et à leur dissimulation dans les environs de Ruaudin. Hélas son fils est arrêté le 21 février 1944. Un mois plus tard, les Allemands découvrent les caches d’armes près de Parigné et arrêtent Abel Tirand dans son bureau de percepteur. Au même moment, le 23 mars 1944, les hommes de la Gestapo pénètrent dans la cour de l’école de Ruaudin (salle du conseil aujourd’hui). Fernand Boutier surveille ses élèves en récréation; il est embarqué devant sa femme anéantie et ses élèves très émus. Emprisonné aux Archives, il se serait dénoncé pour essayer de disculper et faire libérer les agriculteurs impliqués. Fin mai, il est transféré à Compiègne où il retrouve son fils.Départ pour Neuengamme le 7 juin 1944 où il devient le numéro 34 118. Il y meurt le 25 mars 1945. Son épouse, Octavie, apprend la double tragédie, deux mois plus tard.
(voir livre « 200 figures de la Résistance et de la Déportation en Sarthe » de Joseph Estévès I T F 2009)
Guerre 1939-1945 Hommage à Marcel Létang
Route de Brette-les-Pins au n°11 et place Marcel Létang
Cette plaque avait été apposée sur cette maison qui fut son domicile, par ses camarades de la fonderie. Elle avait été enlevée et gardée par le propriétaire. Elle a été remise le 29 juin 2011, avec un panneau explicatif lors d’une cérémonie, en présence de son fils notamment. Son nom avait déjà été donné à la place située derrière la salle du conseil municipal.
Hommage lors de la remise en place de la plaque sur sa maison
Chaque jour de l’année scolaire, des collégiens et des lycéens de Ruaudin se retrouvent place « Marcel Létang ». Qui était cet homme dont on a donné le nom à cette place au printemps 1982 et qui nous réunit aujourd’hui ?
Né le 12 novembre 1913 à Parigné l’Evêque, il n’a pas eu le temps de connaître son père ; celui-ci est mort au combat au tout début de la 1ère guerre mondiale , en septembre 1914 à Pontoise. Son père dont le corps n’a jamais été retrouvé est déclaré « mort pour la France ». Marcel , « pupille de la Nation » est élevé par sa mère.
Il fait son service militaire dans le 106ème régiment d’artillerie lourde comme « canonnier servant » et reçoit un certificat de bonne conduite en octobre 1935. Il se marie à Ruaudin le 17 avril 1934 avec Andrée Laloue ; il est alors aide de culture. De cette union , naissent deux enfants Andrée en 1935 (décédée en 1999) et Marcel en 1940, qui est présent ici. Eux aussi vont devenir des « pupilles de la Nation »après la disparition de leur père.
Marcel Létang a travaillé à la Cartoucherie au Mans ; celle-ci est tombée aux mains des allemands le 18 juin 1940 et elle est démantelée ; les alliés la bombardent au printemps 1944 . À compter de janvier 1942, Marcel Létang est employé comme « démouleur de segments » à la Société Mancelle de fonderie au Mans. Selon les témoignages recueillis, il était reconnu comme un homme travailleur. Certains se souviennent du bois qu’il abattait, sciait et entassait en dehors de ses heures de travail à l’usine. En cette période difficile du début de la seconde guerre, il allait aussi travailler dans les fermes de la commune. C’était un travailleur qui osait affirmer tout haut ses convictions patriotiques face à l’armée d’occupation.
Le 21 septembre 1943, il est arrêté, ici, chez lui. Le motif de son arrestation noté dans la fiche de renseignements de la Préfecture est : «audition des émissions de radio anglaise et diffusion de ces informations ». Il est détenu à la Maison d’arrêt du Mans jusqu’au 12 décembre 1943. Sa femme ira le voir presque tous les jours et elle sera elle-même emmenée en voiture pour être interrogée à la Kommandantur – à elle de se débrouiller pour revenir à Ruaudin par ses propres moyens. Puis Marcel Létang est transféré au camp de Compiègne Royallieu. Le 14 décembre, à 12h il est acheminé avec 932 autres détenus vers le camp de concentration de Buchenwald près de Weimar.
Dans ce convoi, étaient présents Christian Pineau, arrêté en mai 1943 dont certains sarthois se souviennent encore comme conseiller général et député socialiste de la Sarthe et André Marie arrêté en septembre 1943, qui fut plusieurs fois ministre sous la IVème République. Tous deux sont arrêtés pour leur activité dans la Résistance. Ils arrivent à Buchenwald dans la nuit du 16 au 17 décembre par un froid glacial de –15°C. Marcel Létang devient le matricule 38914. Dépouillé de tous ses effets personnels, tondu, revêtu de guenilles, étiqueté d’un triangle rouge (couleur des déportés politiques) avec un F pour français, il ne sera plus que ce matricule. Dans les camps de concentration, on n’est plus personne seulement un numéro-à apprendre immédiatement par cœur et en allemand. Ainsi passe-t-on en quelques heures de l’état civil et civilisé à celui de gueux et d’esclave anonyme du régime nazi. Le convoi de Marcel Létang de décembre 1943 est le 5ème grand convoi depuis août et sera suivi de cinq autres au début de 1944.
Pourquoi une telle ampleur de la déportation de répression ?
- des arrestations plus nombreuses à mesure que la Résistance grandit, se structure et que les polices française et allemande se font plus efficaces
- la saturation des lieux d’internement allemands de Compiègne et Romainville et des quartiers allemands des prisons françaises
- et surtout l’intégration des camps de concentration dans l’économie de guerre allemande. Après les déboires militaires sur le front russe et l’entrée des États-Unis dans la guerre, l’Allemagne doit mobiliser un nombre accru de soldats. Ces départs vers le front seront compensés par l’emploi d’une main d’œuvre esclave de prisonniers et déportés.
Après le passage dans le « petit camp » où sont isolés tous les déportés qui arrivent, entassés sous des tentes, affamés, maltraités, peut-être Marcel se sera-t-il retrouvé dans le bloc 34 . En effet, c’est dans ce bloc que se sont regroupés une grande partie des survivants de ce convoi après le passage au « petit camp ». Cet îlot de résistance française avec des personnalités comme Christian Pineau a tenté d’organiser une solidarité entre les déportés pour résister à la barbarie nazie. Malheureusement Marcel Létang comme tant d’autres sera broyé par le système concentrationnaire. Il y meurt le 13 mai 1944.
Écrire c’est témoigner. Laissons la parole au poète Robert Desnos dont on a retrouvé son dernier poème dans la poche de ses guenilles, poème dédié à sa bien aimée
« J’ai rêvé tellement fort de toi,
J’ai tellement marché, tellement parlé, tellement aimé ton ombre,
Qu’il ne me reste plus rien de toi,
Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres,
D’être cent fois plus ombre que l’ombre
D’être l’ombre qui viendra et reviendra
Dans ta vie ensoleillée. »
Et laissons la dernière parole aux 21 000 déportés rescapés de Buchenwald qui, le 19 avril 1945, sur la place d’appel du camp ont fait le serment à tous leurs camarades morts en déportation:
Que leur martyr ne sera jamais oublié et que les survivants combattront les fléaux que sont pour l’humanité : le fascisme, l’antisémitisme, le racisme et la haine de l’autre.
Que la remise de cette plaque à la mémoire de Marcel Létang soit la continuité de ce devoir de mémoire.
Guerre 1939-1945 Stèle Dakota
Chemin des Bondes
Le 30 janvier 1946, le DAKOTA KN 500 (525 Sqn) de la RAF, ayant quitté Istres le matin pour se rendre à sa base (Membury) en Angleterre s’est écrasé vers 18h, dans le pré, à proximité de cet endroit. Les 11 officiers et sous-officiers à bord, dont la plupart avaient participé aux combats de la guerre 1939-1945, ont péri dans cette tragédie. Ils reposent au cimetière britannique du Grand-Lucé.
Ce monument se trouve sur le chemin qui est à la limite entre Teloché et Ruaudin. Le crash de l’avion Dakota du 30 janvier 1946 a eu lieu dans le pré derrière ce monument, situé sur la commune de Teloché. Les recherches menées par deux Ruaudinois: Claude Blondeau et Gérard Chartier, ont abouti à la pose de cette stèle en granit rose sur laquelle une plaque explicative bilingue a été apposée. La cérémonie d’inauguration a eu lieu le 3 mai 2008 en présence de nombreuses personnes dont des membres des familles des victimes.
Hommage lors de la cérémonie du 3 mai 2008
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs les membres des familles des officiers et sous-officiers victimes de l’accident du Dakota KN 500,
Mesdames et Messieurs les Députés, Conseillers généraux, Maires, Conseillers municipaux,
A vous tous qui êtes aujourd’hui rassemblés ici près des lieux du drame du 30 janvier 1946 pour honorer la mémoire de :
- Flying Officer Victor Albert BAIN ,
- Flight Sergeant Eric Edward BARTLETT,
- Flying Officer Norman Leslie BROWN,
- Warrant Officer Joseph Edmund EDWARDS,
- Flight Lieutenant Lancelot Benjamin Albert ELIAS, DFC
- Flight Lieutenant Victor Franck FUNNELL,
- Flight Lieutenant KNOWLES,
- Flight Lieutenant William Atkinson SCOTT,
- Flight Lieutenant Harry Raymond SHEPHARD, DFC
- Flying Officer James STEPHEN,
- Flight Lieutenant Stephen Maurice TUGWELL,
Nous sommes ici pour rendre un hommage solennel à ces 11 victimes qui ont péri dans cet accident. Ces officiers et sous officiers revenaient d’Inde , leur dernière escale connue était Istres. Ils étaient sur le chemin du retour pour enfin retrouver leurs familles.
Ce 30 janvier 1946, en fin de journée, les éléments s’étaient déchaînés à la nuit tombante. Le vent mêlé à la pluie rendait la navigation difficile. Selon les informations que nous avons recueillies dans la presse locale et auprès des services de la RAF, cet avion a été victime d’une avarie et une première fusée de détresse avait été lancée au-dessus de Brette-les-Pins. Souhaitant vraisemblablement se poser dans la prairie au sol tourbeux et peu portant près d’ici, cet avion postal quadrimoteur s’est écrasé et a explosé.
Les sauveteurs arrivés rapidement sur place ne purent que constater les dégâts et placer un périmètre de sécurité. Les pompiers du Mans les suivirent peu de temps après pour éteindre les différents départs de feu dans les sapinières proches. Un témoignage d’un infirmier de la RAF recueilli aux cours de nos recherches nous apprend qu’ils sont arrivés ici vers 2h du matin venant de Rennes pour procéder à la reconnaissance des dépouilles des victimes et les emmener à l’hôpital du Mans.
Leur sépulture au Grand Lucé a été suivie par une foule nombreuse et émue au cours d’une cérémonie à laquelle participaient les autorités civiles et militaires françaises et britanniques.
Aujourd’hui encore le tragique destin de ces soldats nous touche profondément et la pose de cette stèle plus de 60 ans après l’événement montre que nous souhaitons ne pas l’oublier. Que les membres des familles ici présentes et ceux qui n’ont pu venir et qui en seront informés sachent que nous avons eu à cœur de mener à bien cette tâche. Cet accident aurait pu tranquillement entrer dans l’oubli sans le travail d’inventaire des accidents d’avion dans la Sarthe accompli par M.Jarossay. Adolescent, il était venu du Mans à vélo sur les lieux de cet accident et en avait été marqué pour la vie. Claude Blondeau a lu la relation de cette catastrophe dans une brochure rédigée par M.Piraux de Villaines sous Lucé et en a recherché l’emplacement. Sa rencontre avec M.Leprout habitant tout près d’ici, sur ce chemin même, puis avec M.Rocher qui y était venu enfant a été déterminante. Il a suffi qu’un groupe de randonneurs comprenant M.Loïc Pierre passant sur ce chemin en novembre 2006 en soit informé par M.Jarossay pour que le travail d’investigation soit lancé en vue de la pose de ce monument.
Ne voulant pas laisser les victimes de l’accident sombrer dans l’oubli, nous avons entrepris notre quête auprès des archives départementales, interrogé les témoins, contacté la RAF et ses Musées en Angleterre, le service des tombes du Commonwealth après des visites au cimetière du Grand Lucé. Notre principal objectif était d’ entrer en contact avec les familles et de les inviter à l’installation de ce monument. Il rappellera à tous les passants la mémoire de ceux qui n’ont pas hésité à mettre leur vie en danger pour nous aider à retrouver notre liberté.
La totalité des familles n’a pu, hélas, être contactée malgré toutes nos démarches. Le premier fil que nous suivi a été la famille Tugwell grâce à une adresse électronique déposée sur le livre des souvenirs du cimetière du Grand Lucé. Les familles Funnell, Elias, Shephard ont pu être jointes car, de leur côté, elles avaient entrepris des recherches auprès des services de la RAF. Ceux-ci ont accepté de faire suivre un courrier leur expliquant nos démarches. C’est avec une grande émotion que quelques jours plus tard nous recevions un premier appel téléphonique de Vernon Funnell , un petit fils, puis un courrier de Sue Elias, une nièce, puis des courriers électroniques venant de Jan et Jon Harrover. Le processus était enclenché. L’aide d’un généalogiste, Howard Eastcott a été très importante pour le compléter. Des familles, nous avons reçu des courriers contenant des documents très importants et particulièrement émouvants. Ces aviateurs dont nous avions les noms sur une liste n’étaient plus seulement des matricules, ils devenait des époux, des pères, des frères. Nous remercions toutes les familles qui nous ont confié leurs plus précieux souvenirs. C’est une grande marque de confiance et une grande récompense. Nous les avons rassemblés et vous pourrez en prendre connaissance lors de la réception à Teloché.
Pour terminer cette évocation des familles, nous citerons le courrier que nous a envoyé le 1er mai, d’Afrique du Sud, Colin Bain, fils de Victor Bain. Il nous a demandé d’excuser son absence. Il est venu s’incliner sur la tombe de son père l’an dernier et ne pouvait venir à cette cérémonie cette année.«Merci d’avoir organisé cette cérémonie en souvenir de ces aviateurs qui sont morts par malheur après la fin de la guerre. La démobilisation de mon père avait été retardée pour ce dernier vol.Il avait déjà survécu à trois accidents incluant un en Baltique après lequel il avait été retenu comme prisonnier de guerre. Le premier avait eu lieu la veille de ma naissance. Il était atterri en parachute au Pays de Galles et avait perdu les 2 membres de son équipage. Merci encore et mes souhaits les meilleurs pour cette mémorable journée. »
Nous vous remercions toutes et tous de votre présence. Claude Blondeau, Gérard Chartier