Lavoir
Entrée du bourg, à la fontaine Saint-Gemmes
«Depuis des temps immémoriaux», les habitants du bourg utilisent et entretiennent le lavoir, la mare et la fontaine Saint- Jamme. Mais en 1826, quand la municipalité décide de vendre les boues (quatre charretées d’une valeur de 32 F) pour financer le remplacement des madriers de battage «cet ensemble d’objets» devient un sujet d’échanges très houleux entre le cordonnier, propriétaire du pré, et «tous ces fonctionnaires dont il se moque». À qui appartiennent cette mare, cette fontaine et ce lavoir? Aucune des deux parties ne possède de titre de propriété. Mais, lorsque le maire propose de mener l’affaire devant la Justice, son Conseil municipal refuse de s’impliquer et la Préfecture juge que, si les boues sont attribuées depuis toujours au cordonnier et que les habitants ne s’en plaignent pas, il vaut mieux en rester là.
En avril 1884, ce litige est toujours d’actualité au moment où la municipalité veut y réaliser des travaux d’amélioration. Le nouveau propriétaire des lieux ne va consentir à vendre le tout qu’avec une prime de 200 F au lieu des 65 F proposés.
Ces lieux devenus communaux, des travaux de maçonnerie avec moellons de grès de la Butte du carré, du sable de la Rousselière, de la chaux hydraulique du four de Doué et du ciment, sont entrepris pour 420F. Des dalles en pierres plates recouvrent les murs et un drainage amène le trop-plein de l’abreuvoir vers le lavoir.
En 1929, il est entouré et couvert de tôles. Une planche à laver est posée.
(Arch.dép.Sarthe 2 O 219/7; 22 AC 35)
Vide-buée, balai en bouleau, tréteaux, case à laver semblent encore attendre les laveuses.
Monument aux morts
Place de l’église
Une pyramide, surmontée d’un coq gaulois en bronze, se dresse sur la place de l’Église. Elle repose sur un socle en béton entouré de 4 obus reliés par une chaîne. Des jardinières fleuries occupent chaque espace entre les obus. Les noms de 26 soldats sont gravés dans la pierre et peints en noir sur trois faces du socle; à l’arrière, sous une croix de Lorraine, un nom pour la guerre 1939-1945. A l’avant du monument, 18 plaques émaillées sont regroupées sur un chevalet. Elles deviennent, au fil du temps, peu lisibles; les photos des soldats se sont effacées.
Le 15 février 1920, le conseil municipal réuni en session ordinaire décide d’élever un monument sur la place, aux enfants de la commune Morts pour la France. La dépense prévue, 4 696,90F, sera financée par la souscription de 2 500F et un crédit communal, une subvention d’État étant sollicitée pour compléter. La commission préfectorale fait observer que le monument étant sur une place, il faudrait surélever le socle et que la croix de guerre est trop petite. Le préfet rappelle au maire que les subventions d’État ne peuvent dépasser 26% du crédit voté.
Lors de la session du 31 octobre 1920, le maire en informe le conseil municipal. Celui-ci rappelle que:
- en 1911 le nombre d’habitants était de 696
- le nombre de Morts pour la France est de 26
- le devis s’élève à 5 850F
- les frais d’inauguration sont évalués à 1 550F
- la souscription s’élève à 2 500F
- il manque donc 4 900F.
Il décide alors de contracter un emprunt de 5 000F à 5% sur 5 ans, de demander une subvention de 1 300F et de lever un impôt de 1 250F. Un marché de gré à gré de 6 346, 80F, est conclu entre le maire et Alphonse Rossignol, entrepreneur à Sillé-le-Guillaume. Ce dernier s’engage à placer un monument en granit sur la place de Neuvillette, suivant le modèle n°383 avec croix de guerre en relief, gravure des noms et plate-forme d’enhaussement de la pyramide en mosaïque.
D’autre-part, une facture de 2 310,80F est acquittée à M. Le Feuvre, sculpteur au Mans, le 24 septembre 1924, pour la fourniture et la pose d’un coq en bronze sur le monument commémoratif.
(Arch. dép. Sarthe 2 O 219/7, 22 AC 35)
Monument paroissial
Nef de l’église
DIEU PATRIE
1914 AUX MORTS POUR LA PATRIE 1915
1916 1917 1918
La liste des 34 soldats morts pendant la première guerre mondiale dont 9 disparus est au centre de cette peinture murale. Leurs noms et prénoms sont gravés en lettres dorées sur une plaque noire.
L’existence du monument funéraire du seigneur de Chaources dans un enfeu, situé dans le chœur, a influencé le choix de l’implantation du mémorial aux morts de la Grande Guerre sur le mur nord de la nef. Conçu très tôt après la fin du conflit, celui-ci fut béni le 19 mai 1919, sous le ministère de l’abbé Louis-Pierre Busson.
Surmonté de la croix du Christ, le fronton avec les mots DIEU et PATRIE peints de part et d’autre de la croix de guerre et de fourragères, résume bien l’iconographie du mémorial. Devant l’aile gauche du retable, un ange tend une palme de martyre au-dessus de la liste des noms, et devant l’autre aile, un poilu se tient au repos, fusil à baïonnette au pied. Le trophée militaire, constitué de palmes et de faisceau de drapeaux tricolores accompagné d’un casque de poilu, est posé au centre de la table de l’autel du sacrifice. Il forme avec les croix un alignement parfait.
(extrait de Les monuments aux morts peints dans les églises inventaire général du patrimoine Pays de la Loire, éditions 303-2014; p 78)
L’abbé Léon Haies, un des successeurs du curé bâtisseur, lui reproche d’avoir fait exécuter « l’affreuse peinture murale appelée monuments des morts de le Guerre 1914-1918 ». Notons cependant que cette peinture fait partie des rares monuments aux morts peints dans les églises en Sarthe.