Lavoir du Gué
Le maire de 1819 se plaint auprès du préfet de l’état du lavoir-abreuvoir. En effet, les charrons encombrent le gué en déposant du bois et les bouchers viennent y laver des entrailles pendant la sécheresse. Cela empeste l’air ! Il rappelle un acte passé en 1737, lors d’un échange entre le sieur François LE ROMAIN, maître cirier au Mans et la fabrique, à charge pour le dit sieur :
« qu’il tiendra toujours une place sur le petit ysteau ou gué du dit pré afin que l’on puisse aller laver la lessive et ne pourra pour quelque raison que ce puisse être empêcher aucune personne d’y aller et même d’y faire abreuver les bestiaux, sans par lui et les siens pouvoir faire combler le dit endroit ni garder l’eau, cette charge fait une des principales clauses du présent, s’obligera de plus le dit sieur Le Romain de faire peindre en couleur rouge la grande porte de la dite église qui est placée depuis peu… ».
Les habitants demandent un lavoir couvert dès 1831 mais le devis en est seulement dressé en 1856. Leur souscription de 902 F et la subvention départementale de 600 F ont du mal à couvrir la dépense de ce grand lavoir constitué de deux bâtiments situés de part et d’autre d’un bassin de 12 m sur 4 m sur le ruisseau de Chefraison. La réception définitive a lieu en décembre 1859. Comme il manque souvent d’eau, la construction d’un puits s’avère nécessaire en 1877 puis une pompe en 1902. En 1911, le lavoir est réparé et un préposé est rétribué pour son entretien.
(Arch. dép. Sarthe, 2 O 58/7 et archives communales)
Ce lavoir a été détruit dans les années 1970.
Lavoir du Gué-la-Hart
Face au problème récurrent du manque d’eau au lavoir du Gué, la municipalité décide d’en établir un autre à Guéhart, sur le ruisseau de la Buzardière, en 1871. Une charpente en peuplier couverte en ardoises reposant sur cinq poteaux en chêne, sera construite en 1894 et payée en partie par une souscription de 88 F sur les 186 F du devis de M. JANET.
(Arch. dép. Sarthe, 2 O 58/7 et archives communales)
Réparé au début du XXe siècle, l’abri clos de planches, a été détruit dans les années 1970. On peut encore voir son emplacement, route des Commerreries, au niveau du pont. Une association « Les amis du lavoir de Gué-la-Hart » est née en 1999, dans le but de le sauver.
Fontaine de la Buzardière
L’abri de cette fontaine daté de « l’An 9 », est à la source du ruisseau de la Buzardière. Une planche à laver au bord de celui-ci, faisait office de lavoir aux femmes du hameau des Commerreries; l’une d’elles s’y rendait encore dans les années 1970. (témoignage)
Monument aux morts
Place de l’église
« La commune de Changé
à ses enfants morts pour la PATRIE »
Cette pyramide en pierre a été récemment déplacée vers l’église afin que les cérémonies de commémoration puissent se dérouler sans empiéter sur la chaussée. Les noms de 7 gradés sont gravés sur une plaque noire, en façade et les noms de 73 soldats dont 16 disparus sont gravés dans la pierre, sur les deux aces latérales. Une plaque a été ajoutée pour 5 victimes de la guerre 1939-1945, en façade. Les noms de deux victimes en Algérie ont été gravés dans la pierre (De VALLOIS Xavier s/s Lieut. 1956, PASNON Marcel 1959)
Dès le 27 juillet 1919, le Conseil municipal, sur la proposition du maire, décide à l’unanimité d’élever un monument aux enfants de Changé « Morts pour la France ». Les frais seront couverts par une somme prise sur les crédits prévus pour l’Électricité et compléter par une souscription près de la population qui compte déjà 1 000 F. La commune a fait appel au sculpteur Gaulier. Le monument sera érigé à l’angle sud de la place publique.
Le 28 septembre 1919, le journal « La Sarthe » relatait l’inauguration du monument:
Ce matin, a eu lieu, à Changé, l’inauguration du monument élevé par souscription publique aux enfants de la commune tombés au champ d’honneur. Le Préfet de la Sarthe, M. le Général Tétard, représentant M. le Général Vuillemont, commandant du 4è corps d’armée, actuellement indisposé, M. Buon maire du Mans, sont reçus à leur arrivée par M. le sénateur Lebert, maire de Changé, qui les conduit à la mairie, devant laquelle sont groupés : les Vétérans d’Italie et de 1870, les mutilés, les combattants de la commune.
À l’entrée de la mairie, sont groupés les enfants des écoles L’un d’eux récite le compliment et remet aux autorités une superbe gerbe de fleurs. Dans la salle des mariages, M. Lebert présente à M. le Préfet et à M. le Général Tétard les conseillers municipaux et des personnalités de la commune. A la sortie de la mairie, le général passe en revue les vétérans, les mutilés et les anciens combattants. Il interroge chacun d’eux sur leur carrière militaire.
Puis le cortège se forme dans l’ordre suivant: deux mutilés portant une couronne, M. le Préfet, M. le Général, M. le Maire, le Conseil Municipal, les vétérans, les mutilés, les combattants, les enfants des écoles, et se dirige vers le monument placé devant l’église. Un grand blessé, M. Bourlier, s’avance alors et déclare, au nom de ses camarades, que les mutilés de Changé ont voulu que la première couronne déposée au pied du monument soit celle offerte par leurs compagnons d’armes qui porteront toute leur vie la glorieuse marque de leur sacrifice.
Le voile qui recouvre le sommet du monument tombe alors, tandis que la Musique municipale du Mans, qui prête son concours à la cérémonie, joue « La Marseillaise » puis « La marche funèbre » de Chopin.
Le monument est une stèle de pierre blanche à quatre côtés. Une guirlande de feuilles de chêne couronne le monument dont une croix de guerre décore la façade au bas de laquelle sont également sculptés un casque de poilu et une fourragère encadrée de deux palmes.
Le monument est l’œuvre de M. Gaulier. M. Lebert fait ensuite l’appel des morts de Changé dont la liste compte, hélas, quatre-vingts noms. Au pied du monument, une plaque de marbre noir, portant les noms des gradés de la commune tombés au Champ d’honneur, était exposée. On y lisait les noms et les dates suivantes. Cette plaque de marbre, ainsi que deux autres où seront gravés les noms des simples soldats, seront apposées ultérieurement sur le monument.
Le garde Champêtre, un vieux soldat médaillé, répond pour chacun: « Mort pour la France » en faisant le salut militaire, tandis que la musique joue Le Chant du Départ et la Marche Sambre des Girondins. C’est l’instant le plus émouvant de la cérémonie. Tous les assistants ont les larmes aux yeux: au premier rang une petite orpheline de guerre en vêtements noirs sanglote éperdument. Lebert remet alors le monument à la commune. Après s’être incliné devant les morts et avoir exalté leur sacrifice M. le maire de Changé tient à leur associer les glorieux survivants et aussi les vaillants combattants de 1870 qui ont défendu, dans leur mauvaise fortune, la grande Patrie sur le territoire de la petite Patrie.
Le Préfet prend ensuite la parole. Il faut, dit-il, des cérémonies comme celle d’aujourd’hui pour que les victimes de la cause du Droit et de le Liberté sachent la reconnaissance que nous leur gardons. Nos ennemis croyaient nous surprendre, ils escomptaient nos divergences politiques, ils se sont lourdement trompés. Pour nous la victoire était certaine car c’est vers elle que convergeaient toutes les forces agissantes du pays. M. le Préfet ajoute qu’il n’a pas voulu laisser cette journée sans venir apporter, au pied du monument l’hommage du Gouvernement de la République aux morts de Changé. Il termine ainsi :
Tous unis, sans distinction d’étiquette, communiant en quelque sorte avec nos chers disparus, par-dessus la tombe, nous leur disons: « Chers morts, nous portons votre deuil, mais nous le portons avec orgueil car immortelle est votre gloire comme sont immortelles les destinées de la France immortelle, victorieuse grâce à tous. »
Le cortège se reforme ensuite et précédé de la musique municipale, se rend, aux accents de « Sambre et Meuse » à l’hôtel du Cheval Blanc où un banquet est servi.
Quelques années plus tard, les plaques furent fixées et un entourage avec des obus fut installé.
Monument paroissial
Nef de l’église
La Paroisse de Changé
A ses enfants glorieux
1914 1918
Cette stèle en plâtre, signée H. Miquel, met en scène un aumônier militaire délivrant les derniers sacrements à un soldat mortellement blessé, qui a donné sa vie pour la Patrie comme le Christ (au-dessus) a fait le sacrifice de la sienne. Un coq victorieux est au centre de la composition avec d’un côté un soldat et de l’autre Vercingétorix. Les noms de 82 soldats dont 12 gradés y figurent en lettre dorées. Une petite plaque a été ajoutée à l’avant pour l’Algérie.
La plaque émaillée pour le soldat AHIER, volée au cimetière et mise en vente sur une brocante, a été rachetée par le Souvenir Français, offerte à la municipalité et placée à côté du monument paroissial. René Ahier était né le 8 octobre 1894 à Changé, était instituteur, caporal au 353e Régiment d’Infanterie. Il est mort à 20 ans à Bois-le-Prêtre en Meurthe-et-Moselle, le 9 août 1915. Sa famille n’a su que tardivement son décès car le corps n’a pas été retrouvé. (recherches de Françoise Lambert)
Guerre 1870-71 Monument du Tertre
Route du Tertre C115
Aux soldats français morts pour la Patrie
11-12 janvier 1871
combat du Tertre
Une plaque apposée à la base rappelle:
Érigé en 1910 par un comité d’anciens mobiles du 33e et de vétérans de la Sarthe avec le concours des communes de Changé, d’Yvré et de la ville de Bergerac, des mobiles du 33e (Sarthe) du 22e (Dordogne) du 72e (Cantal) du 75e (Loir et Cher), des 59e, 111e, 230e, 361e, 405e, 436e, 492e, 605e, 674e, 991e, 1148e, 1262e, 1710e sections de vétérans, de la société des anciens militaires et de nombreux souscripteurs. confié à la garde des habitants de Changé et du Souvenir Français.
Ce monument du Tertre a été dessiné par l’architecte P. Vérité et situé sur les lieux des combats, au bord des bois. Avec l’évolution des routes, il s’est retrouvé au milieu du carrefour. Il a été déplacé sur le côté mais, en même temps il a perdu son socle.
Guerre 1870-1871
Cimetière
Une plaque bilingue en mémoire des 254 soldats français et allemands tombés lors des combats de Changé et du Tertre les 10-11 et 12 janvier 1871, a été apposée sur le mur intérieur du cimetière.
Dans cette partie, se trouvent une tombe française et une tombe allemande. (les détails des noms sur le site de l’Armée de la Loire)
Environ 150 Français et Allemands, inhumés, sans distinction de nationalité, dans le cimetière et dans les champs, ont été réunis dans une sépulture commune de 8 mètres acquise par l’État, qui l’a fait clôturer par une grille en fer. Les propriétaires des terrains ont été indemnisés. 2 officiers allemands reposent dans des sépultures concédées à perpétuité à leurs familles.
(Rapport de 1878 de M. de Marcère ministre secrétaire d’État au département de l’Intérieur; exécution de la loi du 4 avril 1873 relative aux tombes des militaires morts pendant la guerre 1870-1871)