Lavoir du Boulay
RD 164 au Boulay
En 1912, la municipalité choisit d’établir le lavoir public au Boulay, sur la Sarthe plutôt que dans l’ancien bief du moulin. Des cessions gratuites de terrain, pour le bâti et l’accès, rendent possible cette construction à plancher mobile, sur un devis de 2 800 F. Mais le passage n’étant prévu qu’avec des brouettes, la municipalité préfère un chemin praticable en voiture avec un espace de retournement malgré le supplément de 750 F. Le don de 500 F du maire, M. de TORCY, les 250 F de secours départemental n’y suffisent pas et la commune va emprunter 3 000 F sur 30 ans. Le lavoir est loué pour 50 F par an, charge au bailleur de le nettoyer, de graisser le mécanisme, de lever la planche tous les soirs de façon que le pont ne touche pas l’eau. Chaque laveuse doit verser 10 c par jour ou prendre un abonnement trimestriel de 0,75 F. Le bail va être renouvelé au moins jusqu’en 1920.
(Arch. dép. Sarthe, 2 O 358/7)
Le lavoir a été restauré en 1995.
Lavoir du bourg
Suite à la construction du chemin vicinal de Teillé à Ballon de 1844 à 1846, la municipalité procède à un échange de terrain avec M. de COURCIVAL pour permettre le creusement d’une mare à usage de lavoir-abreuvoir.
Le maire s’adressant au préfet, indique en 1848, « j’ai des malheureux sans ouvrage que je pourrais occuper à cette mare aussitôt que les formalités seront remplies ». Le devis de l’agent-voyer pour les terrassements, les murs maçonnés et un aqueduc s’élève à 1 943 F dont 409 F vont être pris en charge par les habitants.(en jaune lavoir-abreuvoir à construire; en rouge, excédent de terrain à céder)
En 1879, il est question de combler cette mare qui a « mauvais effet dans le bourg » et qui est dangereuse pour les enfants de l’école. Un abreuvoir est aménagé dans un fossé mais il s’avère vite trop étroit.
Monument aux morts
Carrefour de la D 128 et du C14 direction Saint Marceau
Ce monument est érigé sur une parcelle située dans un carrefour. Le terrain est surélevé par rapport à la route; il est délimité par une haie à l’arrière et une chaîne reliant des obus à l’avant. Cette pyramide blanche est surmontée d’une urne voilée avec une médaille de la croix de guerre apposée sur une croix latine. La dédicace en lettres noires est inscrite sur le fût en façade; les noms et prénoms de 26 soldats sont inscrits sur deux colonnes, par année, sur le socle; le nom de M. de Torcy est en tête de la liste. Une plaque de marbre noir a été apposée au bas du monument pour les 4 victimes de la guerre 1939-1945. Sur la contremarche, est gravé dans la pierre: élevé par souscription publique sur l’emplacement offert par Mr BOISSEAU Victor ancien combattant de 1870.
Le 17 août 1919, le maire propose d’ouvrir une souscription dans le pays en vue d’élever un monument dans le cimetière, à la mémoire des Morts pour la Patrie de la commune de Teillé.
Le 15 août 1920, le maire présente le croquis du monument et le plan de son emplacement ; le Bureau de Bienfaisance, unanime, renonçant à percevoir la part des pauvres. La souscription de 2 650 F couvre toute la dépense. Mais à la séance du 3 mai 1921, le maire soumet au conseil deux propositions de terrains :
- proposition verbale de M. Victor Boisseau, propriétaire au bourg de Teillé, ancien combattant de 1870-71, en vue d’offrir gratuitement à la commune, un terrain qu’il possède dans le bourg, à la jonction du chemin de Teillé à Saint-Jean d’Assé et du chemin de Teillé à Saint-Marceau, pour servir d’emplacement au monument commémoratif.
- M. Guéranger, propriétaire au bourg, combattant de la Grande Guerre, avec la même intention, propose d’offrir un terrain situé en face de l’école de garçons.
Le maire rappelle que le 15 août 1920, le conseil avait envisagé un emplacement dans le cimetière. Un vote s’impose pour choisir l’un de ces trois emplacements. À l’unanimité, le conseil remercie les généreux donateurs pour leur offre patriotique et choisit celui de M. Boisseau. La cession gratuite du terrain est actée chez Me Germain, Henri Clément Rousseau, notaire à Ballon, le 16 mai 1921. Les 4 m2 de terrain réservé pour l’érection du monument dans le cimetière seront réservés à la construction éventuelle d’un caveau pour les sépultures des enfants de Teillé ramenés du front et qui ne seraient pas inhumés dans un caveau de famille. La commission spéciale accepte le projet.
L’Ouest-Éclair du 4 octobre 1921 relate l’inauguration du monument élevé par la commune à la mémoire de ses habitants morts au Champ d’Honneur; elle coïncide avec la fête des démobilisés. À 9 h 1/2, le conseil municipal recevait M. d’Aubigny, député, des représentants du préfet et de l’Armée, les maires des communes avoisinantes dont M. Louis Chappée, maire de Sainte-Jamme, les familles des disparus, les vétérans, les anciens combattants etc…, les enfants de l’école et M. Duchemin, l’instituteur. Le cortège ainsi formé se rend à l’église pour un service solennel célébré par l’abbé Couronne, curé de Teillé qui donne l’absoute. Le cortège se reforme pour aller au monument.
Élevé sur un terrain gracieusement offert à la commune par M. Boisseau, propriétaire, vétéran de 1870, le monument a fort belle allure. Il convient d’en féliciter l’auteur, M. Évrard du Mans. Sur la face principale sont inscrits les 26 noms des habitants de Teillé morts pour la France ; en tête M. de Torcy, ancien maire de la commune, capitaine de cavalerie. L’abbé Couronne bénit le monument et donne lecture de la liste funèbre. […] M. le commandant de Boisrouvray remet la Croix de chevalier de la Légion d’Honneur à l’abbé Bouvier, ancien aumônier militaire à la 45e division, bien des fois cité. Suivent les discours patriotiques des élus qui rappellent le dévouement des braves qui tombèrent glorieusement pour défendre le sol de la Patrie, pour la victoire du Droit et de la Liberté ; les donnent en exemple aux générations futures et saluent leurs familles.
Ensuite, un banquet, offert par la commune à tous les démobilisés, réunissant 300 convives, est servi par l’Hôtel Morancé. Au dessert, le maire rappelle le rôle actif de M. Fouanon, conseiller général, toujours prêt à rendre service à tous et qui, chargé du service de ravitaillement pendant la guerre, s’acquitta de cette mission à la satisfaction générale. Il termine en demandant l’union générale dans la République, indiscutée depuis 50 ans d’existence. M. Maurel, secrétaire général, ajoute que cette union est nécessaire et indispensable, que chacun de nous doit la pratiquer dans la République active, indivisible et impérissable. […] Quand nous étions au front, il n’était pas question parmi nous de politique ou de luttes sociales ; nous ne pensions qu’à la Patrie. Nous avons « eu » les boches, nous « aurons » les difficultés de l’intérieur, travaillons pour la grandeur et la prospérité de la France. Il rappelle que M. d’Aubigny, rapporteur du budget des régions libérées a fait réaliser au Parlement une économie de 1 milliard 300 millions. Il faut faire payer le boche.
Dans un très long discours, M. d’Aubigny appelle aussi à l’union générale; l’Allemagne doit payer les reconstitutions des régions libérées qui nécessitera des milliards, les 4 milliards pour les retraites des veuves et des mutilés. Faisons payer l’Allemagne mais sans l’écraser trop. Serrons l’étau mais laissons assez de libertés d’allure pour que le commerce et l’industrie allemands puissent se développer. […] Pendant 10 ou 15 ans, la vie ne sera pas rose. Le budget ordinaire comprend 23 milliards de dépenses et 19 milliards de recettes. […] Il ne faut pas revenir aux impôts de la vieille révolution mais faire des économies.
Il signale ensuite les inconvénients de la loi de 8 heures qui rien que pour les chemins de fer nécessite une dépense supplémentaire de 100 millions par an. Cette loi ne pourrait fonctionner utilement que si nos alliés et nos ennemis l’appliquaient. Nous avons perdu 1 500 00 des nôtres et si nous travaillons encore moins, nous serons bientôt tributaires des autres pays.
Ouvriers, cultivateurs, unissez-vous, soyez solidaires, produisez intensivement ; le prix des denrées diminuera et la vie chère cessera. C’est folie que de vouloir vous opposer les uns aux autres ; la richesse du pays ne peut venir que du travail général dans l’Union nationale.
Ce discours est fort applaudi. La musique joue « la Marseillaise » et tout le monde se retire. Dans l’après-midi, la musique joue plusieurs concerts, très appréciés, sur la place de Teillé.
Le 30 août 1932, le maire rappelle que le conseil a décidé en mai, de faire reconstruire d’urgence les parties les plus endommagées du mur du monument aux soldats de Teillé ; ce mur de soutènement du talus du square aménagé, construit en 1921, sans mortier et avec le peu de pierres qu’ils avaient récupérées, s’est écroulé. Devant l’urgence des travaux, le conseil décide la remise en état du mur avant la fête nationale du 14 juillet et accepte le prix de 2 156 F pour le côté sud, proposé par M. Émile Duplessier, maçon à Teillé. Le côté nord sera exécuté par le même maçon en septembre 1935, pour 2 120 F.
(Arch. dép. Sarthe 2 O 358/7)
Monument paroissial
Les noms et prénoms de 26 soldats sont gravés en lettres dorées, par année, sur cette plaque de marbre vert veiné; M. de Torcy, maire est en tête de cette liste. Cette plaque est au centre d’un entourage blanc, sculpté en partie supérieure et inférieure.
- 1916 Lieutenant VILLEDIEU DE TORCY chevalier de la Légion d’Honneur, maire de Teillé
- 1914 Georges BARBIER, Léon BESNARD, Maurice BESNARD, Louis BRARD, Alphonse PIERRE
- 1915 Gaston AUBERT, Henri CHAUVIN, Eugène COSSON, Pierre HUET, Eugène LACHAMBRE, Auguste LECOQ, Marie YZEUX
- 1916 Louis BEHIER, Ernest BOUVET, Victor DIVARET, Lucien GALIENNE
- 1917 Pierre BELLANGER
- 1918 Auguste BOUVET, Louis COSSON, Henri FILOCHE, Almire LEPROUST, Armand SOUCHET
- 1919 Jean Marie PERSON, Victor BOISSEAU, Pierre SANS
Guerre 1939-1945: un prisonnier de guerre
Un hommage à Pierre BLU, prisonnier de guerre en Allemagne, sur le monument aux morts de Teillé et une stèle à Kütenholz. Le site a permis les échanges entre ce lieu mémoriel allemand et l’association « Patrimoine en Sarthe ».
Pierre BLU, né le 10 septembre 1918, a été fait prisonnier en Seine inférieure le 12 juin 1940. D’abord emmené au Stalag VI B Neu Versen (camp d’Emsland), il porte le numéro 16910. Entre 1940 et 1942, 10 000 prisonniers français se retrouvent dans ce Stalag. En novembre 1944, le camp de prisonniers de guerre devient un sous camp du camp de concentration de Neuengamme. Pierre BLU n’y était plus à cette époque mais on ne sait pas à quel moment il est arrivé à Kütenholz. Vraisemblablement tué par un raid aérien allié, les archives d’Arolsen donnent comme lieu de sépulture la ferme fruitière du fermier Klint où il y avait aussi des tombes de soldats britanniques. Un autre document indique le cimetière de Kütenholz. En août 1949, il est exhumé et remis à sa famille. (renseignements fournis par Debbie Bülau archives Heimat und Kulturkreis Kütenholz)