Lavoir
Sur l’Erve
Un lavoir public était situé au confluent de l’Erve et de la Sarthe. En 1846, la mairie décide d’aliéner ce terrain devenu inutile depuis la construction du pont sur l’Erve.
Lavoir
Rue Saint-Nicolas
En 1896, la municipalité vote un emprunt de 26 000F pour un ensemble de travaux dont la construction de deux lavoirs publics, l’un rue Saint-Nicolas et l’autre rue de Laval, pour 6100F. Le décret de déclaration d’utilité publique du 8 avril 1897, a permis l’acquisition des terrains. Le premier, cadastré D761, en pâture, appartient à M. LETROU Jules, jardinier à Sablé. En son centre, une mare, qui n’a de l’eau qu’en hiver, résulte d’une ancienne extraction de sable. Cette parcelle est estimée 160 F. Le second, de 90m², en prairie, cadastré A n°399/400, appartenant à M. OPERON Arsène, fossoyeur à Sablé, est estimé 450 F par l’agent-voyer.
La construction prévue est similaire avec des matériaux locaux. Les murs sont en grès ou marbre pour les fondations et les élévations. Les bassins sont en maçonneries de briques avec un enduit ciment pour le fond et les parois. Les margelles du pourtour sont en marbre smillé avec une surface ciselée et bouchardée. « LAVOIR PUBLIC » peint en noir au-dessus d’une porte coulissante en chêne et sapin indique la destination de ce bâtiment entièrement clos. Le chambranle de cette porte est en marbre piqué et le seuil, lui est en granit. La charpente en chêne et sapin s’appuie sur les murs et sur six colonnes en fonte creuse de l’usine CHAPPEE, elles-mêmes encastrées dans des dés de marbre smillé. Elle est consolidée par des poutrelles en fer. La toiture en impluvium sur quatre faces est couverte en ardoises « de type petite moyenne ». Des robinets permettent l’alimentation en eau sur le réseau de la ville pour ces deux lavoirs où le lavage s’effectue debout. Les travaux sont adjugés à M. LELASSEUX Jules, entrepreneur à Sablé. La réception définitive se fait le 3 mars 1899 pour une dépense de 6453 F.
(Arch.dép.Sarthe, 2 O 266/12 et 1 FP 521)
Seul demeure celui de rue Saint-Nicolas, au carrefour avec la route de Précigné. Quatre colonnes aux angles et non six soutiennent la charpente et des tirants remplacent celles du milieu. Il est fermé à clé.
Bateaux-lavoirs
En 1836, M. LEGENDRE Daniel, charpentier en bateau dans le Maine-et-Loire, étant sur le point de venir habiter à Sablé, s’adresse au préfet pour solliciter l’autorisation d’établir son bateau-lavoir sur la rive droite de la Sarthe, entre le pont de Sablé et les grands moulins. Cette activité lui « procurerait quelques bénéfices et aurait l’avantage d’être utile aux habitants de la ville, les laveuses y trouveraient toutes commodités et ne seraient plus obligées comme elles l’ont été jusqu’à présent, d’avoir les jambes continuellement dans l’eau ». La ville de Sablé est d’accord pour cette installation mais la préfecture la rejette car elle est nuisible au halage et au débarquement des marchandises. Ce n’est que presque vingt ans plus tard, que des bateaux lavoirs vont prendre place sur la rive gauche, rive de contre halage.
En 1854, M. LAVANDIER, établit un bateau de 26 m, en aval du barrage, à environ 50 m des moulins. Puis trois autres bateaux prennent place dans le port dans les années 1860. Un bateau plus petit, tenu par M. Pierre CAILLOT, lavandier, est amarré à 70 m du barrage des lavanderies en 1869. Repris par M. PASQUET, il coule en 1916.
Dans les années 1890, Frédéric TOUCHET, maître charpentier dans le Maine et Loire place un bateau de 28 m à proximité de l’écluse en remplacement de celui qui a sombré. En même temps, il loue un terrain en bordure de Sarthe pour servir de séchoir.
Un autre maître charpentier, M. Jean Baptiste POTEL, amarre un bateau de 20 m dans lequel il périra en 1927 lors d’une crue.
(Arch. dép. Sarthe, 3 S 110)
Accident du 31 janvier 1927
Le bateau-lavoir de M. POTEL était amarré sur la rive gauche de la Sarthe, en aval de l’usine des eaux de la ville. La rivière avait subi une crue assez forte et très rapide. Dans l’après-midi, M. POTEL avait vérifié ses amarres et avec l’aide des voisins, les avait même consolidées. Durant la nuit, les amarres se sont rompues et le bateau s’est échoué sur un fond, à 12 m environ de la rive, ce qui l’a fait chavirer. M. POTEL, âgé de 82ans, vivait seul dans ce bateau. Construit en 1894, il était en mauvais état et son propriétaire aurait engagé des pourparlers pour le vendre. Il était estimé 8000 F mais il n’était pas assuré.
Quelques jours plus tard, la rivière ayant suffisamment baissé, le corps de M. POTEL fut retrouvé à l’intérieur de l’épave. Le linge des clients fut retiré et restitué aux personnes à qui il appartenait. Son fils s’est engagé à démolir l’épave dans les plus brefs délais.
(d’après le rapport de police, Arch. Dép. Sarthe 3 S 110)
En août 1944, quand les Allemands quittent Sablé, ils font sauter le pont et couler l’un des derniers bateaux-lavoirs.
Monument aux morts
Place devant l’église
Sablé
A ses enfants
morts pour la France
1914-1918
Un soldat au repos, dans une attitude martiale, sur un piédestal large où figurent sur trois faces les noms des 170 soldats morts pendant la Première Guerre mondiale, par année de combat, veille sur la ville. Les noms sont gravés dans la pierre calcaire. Sur le soubassement, deux plaques ont été ajoutées en 1947 pour la Guerre 1939-1945: 16 militaires, un disparu, 4 F.F.I, 14 fusillés, 4 déportés S.T.O, 3 civils ainsi qu’une petite plaque pour un nom supplémentaire Déportés S.T.O (Rouyer Charles) puis en 1963, une plaque pour 4 victimes en Indochine et une pour 4 victimes en Algérie.
Des éléments historiques sont gravés dans la pierre. En 1968, le monument a été déplacé de la place du champ de foire à sa place actuelle, devant l’église. En 1998, une flamme du Souvenir Français taillée dans du granit et financée par la commune, a été posée à l’arrière du monument.
Dès l’armistice signé, l’idée d’un monument commémoratif pour les Saboliens tombés au champ d’honneur fait l’unanimité mais la réalisation va demander quelques années. Une souscription publique est lancée en octobre 1919, des quêteurs et quêteuses passent à domicile recevoir les dons, après annonce dans la presse.
Le maire, Jules Burgevin présente deux emplacements possibles: le cimetière ou une place publique soit celle du Champ de foire, de l’ancienne église ou le square de l’église Notre-Dame. Après bien des échanges, la place du Champ de foire est retenue lors du conseil municipal du 11 janvier 1921. Il faut aussi choisir l’artiste. M. Karcher, sculpteur à Angers est retenu mais le projet est onéreux et les élus demandent quelques modifications. Au même moment, M. Chubilleau, administrateur délégué de la Société d’Exploitation des marbres de l’Ouest, n’ayant pas été sollicité, fait part de son mécontentement. Enfin, le 1er avril 1922, le maire démissionne et Maurice Loiseau lui succède. Rapidement, le projet Karcher est jugé trop cher et le projet Auban de Paris, associé aux marbriers de la ville est retenu pour un coût de 48 000 F et, ce sera sur la place de la mairie. Le monument sera achevé le 5 avril 1923 après sept mois de travaux.
C’est l’inauguration qui suscite des tensions car le maire ne veut qu’aucune réclame électorale ou politique ne devra être faite. Ni militaire, ni bolchévique invités; il menace de ne pas se rendre à l’inauguration. Celle-ci a finalement lieu le 14 octobre 1923.
(article Ouest-France du 11 novembre 2021)
Un appel à pavoiser les maisons avait été lancé dans la presse. L’inauguration commence par une distribution de pain et de viande à tous les indigents de la ville puis se poursuit par la réception des invités et une messe commémorative avant l’inauguration du cimetière militaire. L’inauguration du monument aux morts se déroule après le banquet de midi, avec la présence des enfants des écoles, de la musique municipale et des Sociétés locales. Discours du maire, de M. de Rougé député, de M. d’Estournelles de Constant sénateur se succèdent entrecoupés de lecture de poèmes Gloire à la France de Victor Hugo, Soyez bénis les morts de Pierre Aubry, Hymne à la Paix de Alfred Billy. La cérémonie se termine par un imposant défilé. Guirlandes de verdures, drapeaux tricolores, arcs de triomphe composaient l’ornement discret de la Ville de Sablé. L’effet produit est féérique et imposant, peut-on lire dans la presse le lendemain.
Pendant cette journée, des photos du monument sont vendues au nom de la ville. Celle-ci va garder le monopole sur la vente de ces photos pendant six mois. La semaine après l’inauguration, une loterie au profit des Pupilles de la Nation est organisée. Des billets à 0,50 F sont vendus pour gagner une pièce montée, d’une valeur de 300 F, offerte par le pâtissier M. Etienne, Grande rue: le monument aux morts dont le socle est en nougat, la chaîne d’entourage en sucre et le Poilu en cacao.
(différents articles du journal Ouest-Eclair)
Monument paroissial
De chaque côté de la porte d’entrée principale
Dieu Patrie
A la mémoire des enfants de Sablé
victimes de la Grande Guerre
1914 1918
Ces deux plaques de marbre noir veiné de blanc rendent hommage à 160 soldats dont les noms et prénoms sont gravés en lettres dorées par ordre alphabétique, sur quatre colonnes.
- Louis ABLINE, Auguste ALLARD, Eugène ANDRE, Ernest ANJUBAULT, Pierre ARNAUD, Francis AUFRAY, Auguste BEAUVILLAIN, Gaston BODINIER, Louis BOSSIERE, Gabriel BOUCHER, François BOUCHERON, Marcel BOUDET, Auguste BOUGRAS, Gustave BOUJU, Hyacinthe BOUJU, Paul BOUJU, Félix BOUCHER, Louis BOUVET, Pierre BREHIN, François BRETON, Henri BRILLET, Camille BRUNAU, Fernand BUIN, Louis BUTTIER, Alphonse CACOU, Auguste CAILLERET, Marcel CHADAIGNE, Louis CHAIGNON, Raoul CHAILLOUX, Louis CHARBONNEAU, Constant CHARLOT, Arsène CHAUVIN, René CHAUVIN, Paul CHEVREUIL, Pierre CHOPIN, Emile CHOTARD, Maurice CHOYER, Alexandre COHIN, Pierre CROYERE, Auguste CULLERIER
- Marcel DARTEIL, René DARTEIL, Georges DAVOUDET, Aimable DAVY, Remy DELHUMEAU, Isidore DELOUCHE, Pierre DENOU, Georges DOLBEAU, Albert DONNET, Ernest DONNET, Alphonse DUBOIS, Edouard DUBOIS, Fernand DUBOIS, Robert DUFOSSE, Robert DUPIN, André DUVAL, Marcel DUVAL, André ETRILLARD, Pierre FANEL, Edouard FEZAIS, Edouard FOLLIOT, Marcel FRAGU, Lucien FRESNEAU, Jean-Baptiste FREULON, Albert GARNIER, Antoine GARNIER, Louis GARNIER, René GASNIER, Jean-Baptiste GAUDION, Auguste GERBOUIN, Auguste GIRARD, Auguste GUERIN, Eugène GUERIN, Armand GUIARD, Jean GUILBAUD, Auguste GUILLEUX, Henri GUILLOIS, Pierre GUYERY, Auguste HAVARD, Henri HAYER
- Jules HEREL, Georges HILAIRE, René HUBERT, Eugène HUET, Louis JAMELIN, Louis JEGOU, Paul JEGOU,Alfred JOUBAIRE, Jean-Marie JOUBAIRE, Léon JOUETTE, Jean JOURNIAC, Stanislas LAIGRE, Auguste LANDEAU, Edouard LANDRY, Félix LASSEUX, Etienne LAUNAY, Auguste LAVOUE, Victor LECLAIR, Victor LECONTE, Victor LECONTE, Daniel LEFEUVRE, Lucien LEFEUVRE, François LEGENDRE, Henri LENOIR, Alfred LEPINE, Auguste LEPINE, Théodore LERAY, Auguste LIGNE, Alfred LOGERAY, Arsène LOTTIN, Louis LULLE, Justin MALLET, Louis MARÇAIS, René MARCHAND, Fernand MARGERIE, Auguste MARTIN, Julien MAURICE, Martial MONIER, Eugène MONTAUFRAIX
- Julien MORTEVEILLE, Georges MORTIER, Georges NAVEAU, Eugène NOURRY, Louis PAUVERT, Léon PELTIER, Henri POIRIER, Eugène PORTIER, Almire POUPIN, Adolphe PRINCE, Dominique PRUD’HOMME, Georges PRYET, Cyprien RABEAU, Maurice RANNOU, Jean-Baptiste RASSINEUX, Joseph RENAULT, Roger RENOULT, Albert RICHARD, Louis RITOIT, Auguste RIVIER, Jean-Baptiste RIVIER, Pierre ROBIN, Ernest ROCQUENTIN, Paul ROGER, Prosper ROINE, Gustave ROMAGNE, Pierre ROMAGNE, Maurice ROUILLARD, Joseph ROUSSEAU, Jean ROUSSET, Ernest ROYER, Auguste TONNELIER, Ernest TOUCHON, Robert TRELAUNAY, louis TROTTIN, François TROUILLEAU, Léon TROUVE, Vitae VANNIER, Robert VERRIER, Louis YSCAR
Guerre 1870-1871
Cimetière
Aux soldats du canton de Sablé
morts pour la Patrie
en 1870-71 et dans les colonies.
Les noms sont gravés en vert dans le marbre rose provenant de l’atelier Landeau et Cie, de cette colonne. Sur un piédestal très ouvragé, se retrouvent les deux inscriptions.
59e section des Vétérans des armées de Terre et de Mer
Monument élevé par souscription 27 mai 1900
Pour la guerre 1870-71, 46 soldats dans l‘armée active, 43 mobiles et 40 mobilisés ont péri dans ce conflit (cf conférence Stéphane Tison). Une même disposition sur les trois faces: une colonne qui se divise en deux dans la partie plus large.
Dix-sept noms pour les victimes des colonies sans précision des lieux ou des dates.
Allocution prononcée le 27 mai 1900 à l’inauguration du monument élevé par souscriptions aux soldats du canton de Sablé-sur-Sarthe.
[…] Je viens seulement, à votre appel, vous exposer la signification de ce monument, témoignage de votre patriotisme, de votre amour, de votre foi. Que veulent faire ici ces pierres ? Ce qu’elles veulent ? D’abord une prière, elles sont encore un juste hommage rendu à vos concitoyens qui tombèrent il y a trente ans, face à l’ennemi. Et des luttes mémorables, les de Chevereuse et les de Juigné, par leurs blessures, les de Luynes, les Marçais et leurs camarades par leur mort sublime, acharnés après la victoire, en attachèrent l’éclat à la hampe du drapeau.
[…] Coulmiers que nous avions salué comme une aurore, ne fut qu’une éclaircie dans la tourmente, un rayon de soleil dans la sombre nuit de « L’Année terrible ».[…] Nous avons senti notre confiance s’ébranler et nos espoirs s’évanouirent.[…] Aux heures les plus douloureuses de l’histoire contemporaine, quel sentiment farouche fit se battre et succomber stoïquement les martyrs de la défense du territoire ? c’est le désir de sauver l’honneur. […]
Aucune cérémonie n’est plus touchante que celle à laquelle vous avez bien voulu me convier. Aucune pensée n’est plus noble et plus haute que celle qui vous réunit aujourd’hui autour de ce monument élevé par vos généreuses souscriptions, car c’est une pensée de souvenir, une pensée de foi, une pensée de patriotisme. Grâce à vous, la mémoire des courageux enfants du canton de Sablé qui sont morts au service et pour la défense du pays, ne périra pas. [..] Vous avez voulu que les noms de vos héros fussent gravés sur le marbre pour être conservé à la postérité : estimant à juste raison que l’oubli est la pire forme de l’ingratitude, et que ceux dont la vie dans sa fleur a été sacrifiée à la Patrie, ont droit, tout au moins, à l’immortalité du souvenir. [..]
Partout où le sang français a coulé à torrents, nous avons creusé une tombe et dressé une croix ; des Vosges à la Loire, de la Somme au Jura, apparait un monument consacré par la Patrie et la Religion, aux victimes, chefs et soldats, de l’indépendance nationale. […]
Vous avez compris qu’être oublié c’est mourir deux fois et vous avez élevé à vos concitoyens morts au champ d’honneur en 1870, et depuis, dans nos lointaines colonies, un monument splendide, artistiquement taillé, d’un marbre qui est le vôtre, bien chrétien et tout Français.
Gloire à Sablé ! Gloire et merci !
( « Discours et allocutions militaires », par l’Abbé Léon Morancé (1849-1924); aumônier du Prytanée militaire, tome2 p 73à 86)
Dans ce cimetière, les restes d’une tombe sans l’entourage traditionnel (loi du 4 avril 1873) pour deux soldats allemands morts durant ce conflit.
Concession de 2 mètres pour 2 militaires allemands. Entourage en fer de 6 mètres.
(Rapport de 1878 de M. de Marcère ministre secrétaire d’État au département de l’Intérieur; exécution de la loi du 4 avril 1873 relative aux tombes des militaires morts pendant la guerre 1870-1871)
Guerre 1939-1945: la Résistance
Cimetière
A NOS CAMARADES
MORTS EN DÉPORTATION
Ces mots sont sculptés en relief au sommet de cette colonne en mémoire de 12 victimes de la barbarie nazie.
Le monument a été inauguré le 13 juin 1948 et offert par les anciens déportés de la résistance et leurs amis. Les noms des victimes sont gravés à la base de la colonne et à l’arrière.
Xavier HAYS, le dernier résistant déporté s’est éteint à 96 ans
Né le 10 avril 1926 à Château-Gontier-sur-Mayenne, il s’installe avec sa famille à Sablé-sur-Sarthe en 1940. « Malgré son jeune âge, il récupère des armes abandonnées par l’armée française en déroute » raconte l’ouvrage « Résistance » édité en 2013 par la ville de Sablé. Il harcèle les troupes allemandes, notamment rue de l’Ile, ce qui va éveiller les soupçons. C’est près de là que sera arrêtée la famille Zylberszlack, réfugiée à Sablé-sur-Sarthe, à l’automne 1942, avant d’être exterminée à Auschwitz-Birkenau (Pologne). « Xavier portera toujours le traumatisme, la culpabilité, de n’avoir pas pu empêcher sa disparition », décrit son fils dans un blog consacré à son père.
Il est finalement arrêté le 23 septembre 1943 alors qu’il n’est pas encore majeur. Après deux mois d’incarcération au Mans, il est transféré vers Tours puis il embarque dans un train en direction de l’Allemagne pour rejoindre, après un long voyage, le camp d’Anrath où les Nazis n’ont de cesse de l’interroger sur ses liens avec la Résistance. Cela lui vaut de passer six mois en isolement total avant que les Allemands se rendent compte qu’il n’appartenait à aucun réseau, qu’il n’était qu’un autodidacte.
Les Américains finissent par libérer le camp le 3 mars 1945. « Livré à lui-même, Xavier Hays passe par les Pays-Bas, la Belgique et arrive à Paris », décrit l’ouvrage Résistance. Il y retrouve sa sœur. Complètement affaibli, il séjourne pendant huit mois au château du Haut-Bois à Brette-les-Pins. Il décide de s’installer en Tunisie où il trouve un emploi dans les chemins de fer puis il revient en France, du côté de Toulon, où il devient formateur dans le ferroviaire. Tout au long de sa vie, il n’aura de cesse de témoigner dans les écoles notamment de ce qu’il avait vécu dans les camps de concentration. Xavier Hays avait notamment assisté, en compagnie de Jane Deniau, à la commémoration du 70e anniversaire de l’arrestation de 14 résistants Saboliens le 8 septembre 2013, à Sablé.
Ouest-France du 6 février 2023
Charles ROCHEREUIL
Le nom de ce résistant figure dans « le Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora ». Natif de Neuilly-sur-Marne, ce commerçant vient se réfugier à Sablé avec son épouse où il ouvre un commerce ambulant pour faire les marchés. Il rejoint la Résistance, en particulier le réseau Buckmaster. Il est arrêté le 4 septembre 1943. Il est emprisonné à Angers puis transféré à Compiègne. De là, en janvier 1944, il est déporté à Buchenwald et employé au camp annexe de Mittelbau-Dora qui avait pour mission de fabriquer les missiles V2. Près de 60 000 déportés ont travaillé dans ce camp. Il meurt le 17 avril 1944. Son nom figure sur le monument aux morts de Sablé et sur ce monument du cimetière.
Christian D’HERVE, commandant FFI
École Gilles Ménage
Guerre 1939-1945
Plaques de rues
Ces 6 plaques de rue sont conçues sur le même modèle avec la croix de Lorraine dans le V de la victoire, A la mémoire de – le nom de la victime avec ses années de naissance et de décès MORT POUR LA FRANCE DANS LES BAGNES NAZIS.
Le 3 novembre 1946, des plaques furent dévoilées en hommage aux résistants. Un log défilé se rendit devant les anciennes demeures de ROYER, ROCHEREUIL, CAVIER, RICHARD, ELIZE, SOURY, BERTHIER, MAISONNEUVE, THEBAULT, POIROT (modèle ci-dessus) Ouest-France 17 juin 2022)
Henri ROYER, Marcel RICHARD, Adolphe SOURY
En juin 2022, en même temps que la cérémonie de commémoration des morts en Indochine, une plaque commémorative a été inaugurée au 9 rue Gilles Ménage. Elle rend hommage à trois résistants morts en déportation: Henri ROYER, Marcel RICHARD, Adolphe SOURY. Elle est sans doute l’œuvre du Cercle de la Paix en mémoire de leurs camarades. La trace de cette plaque avait été perdue. On en connaît ni la date ni le lieu de sa première pose. Retrouvée dans un jardin, c’est le site de l’école Gilles-Ménage qui a été retenu pour la pose de cette plaque.
A Précigné, en avril 1943, Yvonne Lemore est approchée par Jean Bouguennec, l’envoyé des services secrets britanniques responsable des groupes Max-Butler-Buckmaster. Il a pour mission de constituer des réseaux de résistance dont celui du secteur sabolien. Michel Lemore, l’époux d’Yvonne, recrute d’abord neuf compagnons dont le marchand de charbon et ferraille Marcel Richard, le notaire Adolphe Soury, l’ingénieur aviateur Henri Royer et son fils Jean. Puis le réseau s’étoffe rapidement jusqu’à compter dix-huit membres. Les missions se succèdent: récupération de parachutages, cache d’armes et d’argent, aide aux combattants, transmission d’informations. Leur arrestation commencera le 3 septembre 1943. La torture est utilisée à la kommandantur (actuelle école Sainte-Anne). Les trois hommes se retrouvent dans le même wagon, déportés vers les camps de concentration. Marcel Richard meurt le 26 mars 1945, Adolphe Soury le 11 avril; Quant à Henri Royer, il est libéré, hospitalisé mais trop faible, il succombe le 30 avril. Son fils Jean reviendra à Sablé. (Ouest-France du 17 juin 2022)
Jane et Jacques DENIAU
« C’était une histoire d’amis et de confiance. Monsieur Lemore est venu chercher mon grand-père Félix et toute la famille s’est trouvée engagée. Naturellement », raconte Dany Deniau, fils de Jane et Jacques, résistants du réseau Buckmaster, à Sablé. Lors des arrestations du 4 septembre 1943, le père et le grand-père réussiront à fuir et ils continueront à œuvrer plus à l’ouest, sous une fausse identité. Jane Deniau et sa belle-mère Marguerite seront arrêtées et déportées. Elles sont revenues. (Ouest-France du 27 mai 2021)
Raphaël ELIZE
Alors que la place portait le nom de Place de la Mairie, la seconde guerre mondiale éclata. En 1941, le conseil municipal adopta à l’unanimité le projet de nommer la place « place du Maréchal Pétain », dernier Maréchal survivant de la première guerre mondiale qui bénéficiait alors d’un immense prestige.
À la libération, le Maréchal est condamné à mort par la Haute Cour en août 1945, puis à la détention perpétuelle par le Général De Gaulle pour avoir laissé déporter sans protester des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants.
Dès sa première séance du 9 août 1944, la délégation municipale mise en place par le Capitaine Christian d’Hervé, investi par le général Koenig, étudie la proposition de Monsieur Pilard de débaptiser la place. Le Président Fernand Lemaire suggère d’attendre la ratification du mandat des conseillers pour prendre la décision. Elle fut prise le 14 août. Plusieurs propositions autres que celles du retour à l’ancien nom furent faites : « place de la Liberté », « place du Général De Gaulle ». Après discussion, la délégation décida de redonner le nom de « place de la Mairie » à la place du Maréchal Pétain. La proposition de Monsieur Pilard de donner la dénomination « place de la Liberté » n’avait recueilli que 4 voix. Les soldats français n’ont pas attendu la décision du conseil pour arracher la plaque au nom du maréchal.
Lors de la séance du 20 août 1945, Georges Mention, maire, a demandé de réfléchir à la manière de rendre honneur aux déportés et aux résistants. C’est lors de la séance du 16 octobre 1945, que le conseil municipal décida à l’unanimité de renommer la place centrale « place Raphaël Elizé », « en signe de reconnaissance des services rendus à la ville de Sablé par Raphaël Elizé, maire déporté, mort pour la France au camp de Buchenwald ».
site de la mairie de Sablé
Guerre 1939-1945: la Libération
sur le côté du monument aux morts
Le jeudi 18 avril 2024, une cérémonie s’est déroulée à Auvers-le-Hamon puis à Sablé pour inaugurer la pose de la borne du serment de Koufra, accompagnée de deux plaques explicatives sur le parcours de la 2e DB et son passage à Sablé-sur-Sarthe lors de la Libération en 1944.
Le général Leclerc, qui avait rejoint le général De Gaulle, passe ce serment de Koufra ( ne rendre les armes qu’à la libération de Strasbourg), en mars 1941, lors des combats contre les Italiens en Lybie .
Cette cérémonie a rassemblé les élus, les anciens combattants; les enfants des écoles ainsi que le petit-fils du général Leclerc et la maire de Saint-Martin-de-Varreville, première commune à accueillir la 2e DB sur le sol français; elle avait apporté du sable de la plage d’Utah-Beach que les enfants ont symboliquement répandu autour des bornes d’Auvers-le-Hamon et Sablé-sur-Sarthe. (article Ouest-France 19 avril 2024)
Stèle de tous les conflits
square près de la gendarmerie
A la mémoire de tous les combattants de Sablé-sur-Sarthe,
des conflits de 1870, 1914-1918, 1939-1945,
Indochine, Corée, Afrique du Nord, Opérations Extérieures
Une cérémonie s’est tenue en juin 2024 devant la stèle à tous les conflits. Le 18 juin 1940, dans son célèbre appel, le général de Gaulle déclarait « Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. »