Lavoir
D187, face à la grille de l’entrée du château des Perrais
Le bassin est alimenté par la source descendant du parc des Perrais; elle passe sous la rue principale dans une galerie voûtée en pierres et briques; le trop-plein passe en canalisation sous la route départementale et réapparaît dans la prairie pour descendre vers la mare aux bœufs au bord de la RN 23.
Au départ, le lavoir est de l’autre côté de la route. D’après la marquise de Samson, ce serait son père Charles Léonor de Broc (1723-1803) qui serait à l’origine de ce premier lavoir. En juillet 1822, le maire de la commune Charles-Gabriel de Broc écrit au préfet pour lui signaler le danger que représente ce lavoir: la charrette d’un voiturier peut, dans l’obscurité, renverser et y faire tomber un enfant, sans compter les odeurs qui s’en exhalent. L’affaire en reste là pendant 13 ans.
En 1835, le maire Etienne Bellanger revient à la charge. Le marquis de Broc offre un terrain pour construire un nouveau lavoir , plus au nord que l’ancien et donne 300F pour cette réalisation. Il y a urgence car le lavoir est à sec suite au creusement de puits et pièces d’eau dans la propriété des Petits Perrais de la marquise de Samson. Un devis est établi d’une valeur de 1247F. En 1838, les travaux sont pratiquement terminés, il ne reste que la clôture à réaliser. En 1839, le maire demande «l’aliénation du terrain occupé par le lavoir public (l’ancien) pour aider à l’ameublement de l’école ; ce qui est de toutes nécessités». Ce terrain est vendu 500F aux enchères en décembre 1840. Des travaux de réparations sont effectués fin 1847, sur un devis de 99,40F; la vente des sapins longeant les chemins finance cette dépense.
En septembre 1851, un habitant de Parigné, marchand de bois ayant fait de mauvaises affaires, se noiera de désespoir dans ce lavoir.
Les laveuses attendront la couverture en tuiles jusqu’en 1902. La rénovation totale a été réalisée en 2007.
En 1946, le site de ce lavoir est choisi pour un projet de bains-douches, estimé à 754 832F. Malgré l’engagement du vicomte de Landivy, nouveau châtelain des Perrais, de verser 100 000F, il ne verra jamais le jour, car trop onéreux pour la commune.
(Arch.dép.Sarthe 2 O 231/7 et panneaux réalisés par la commune lors des JEP 2016)
« Une dizaine de femmes utilisaient le lavoir régulièrement. Ces dames arrivaient avec une brouette en bois sur laquelle était posée la bassine de linge, la boîte à laver, le battoir, la brosse en chiendent et le savon de Marseille.
En 1953, quand je me suis mariée, on venait chercher l’eau avec deux seaux dans la source. Je l’ai fait pendant plusieurs années avec l’épicier, M.Alleron.
Avant d’aller au lavoir, on faisait tremper le linge à la maison, on le décrassait et on le faisait bouillir. Je n’ai pas connu la buée, mais je me rappelle que mes parents faisaient leur linge dans un chaudron. Le lavoir servait le plus souvent pour le rinçage, pour enlever les dernières tâches avec la brosse en chiendent et le savon de Marseille. Le linge était installé sur l’égouttoir, sorte de long tréteau en bois de sapin que l’on peut voir encore actuellement. Le battoir était utilisé pour essorer le linge. Les laveuses (chez nous on ne parlait pas de lavandières) se mettaient à genoux dans une boîte à laver et, pour plus de confort, elles mettaient de la paille ou un petit coussin en plumes, il faut dire que la position était pénible, certaines y passaient deux ou trois heures. Chaque femme avait sa place attitrée. Le lundi et le mardi étaient souvent les journées dédiées à la lessive. Quelques boîtes à laver restaient sur place, après utilisation, elles étaient accrochées au mur (bien sûr de temps en temps on en retrouvait au milieu du lavoir!) Le linge était lavé sur des planches en bois de sapin qui étaient disposées sur le pourtour du lavoir (le sapin a un avantage, il ne tâche pas) On brossait et on battait ensuite le linge pour faire partir la lessive.
Le restaurant hôtel le Cheval blanc utilisait aussi ce lavoir. En 1946, un WC a été installé grâce à un don de M le vicomte de Landivy. M. Lebouc était alors maire de la commune. Le lavoir était vidé et nettoyé en fin de chaque semaine par le cantonnier du village (M. Degoulet). Quelques personnes s’y sont baignées. Malheureusement en 1948 ou 1949, une femme s’y est noyée. Le lavoir n’était pas le Pol’infos de notre village mais plutôt le P’tit Potinois. A partir de 1970, le lavoir ne sera plus beaucoup utilisé.
Pour la petite histoire… Une machine à laver qui était chauffée au bois avait été achetée en communauté, chacun l’avait à disposition une journée. Elle était actionnée par une manivelle: 5 coups dans un sens, 5 coups dans l’autre. »
témoignage de Denise Serpin
« Nous sommes arrivés à Parigné-le-Pôlin en 1955, j’avais 22ans. J’utilisais le lavoir, 2 à 3 matins dans la semaine. Je faisais partie des plus jeunes. Il fallait emmener la « cassette », le « battoué » et le savon de Marseille.
Dans un premier temps, on utilisait de la cendre pour décrasser le linge. On pouvait mettre aussi un carré de Bleu de Guimet pour rendre le linge plus blanc, on rinçait, frottait et on faisait bouillir le linge dans une lessiveuse (les couches, les langes…) En 1955, on n’avait pas l’eau courante à Parigné-le-Pôlin, beaucoup de personnes avaient un puits. Une pompe a été installée quelques années plus tard où on pouvait aller chercher l’eau avec des bidons.
Mon mari était boucher, et en ce qui concerne les tabliers de boucherie, il fallait les faire tremper pour enlever le sang et les faire bouillir. J’allais ensuite au lavoir pour les brosser et les rincer (c’était plus efficace que la machine à laver!). On transportait ceux-ci dans une brouette. Il m’arrivait aussi d’emmener directement la lessiveuse au lavoir avec l’aide de mon mari. On déposait le linge sur les tréteaux pour qu’il s’égoutte. Mon mari venait m’aider pour ramener le linge à la maison. On le faisait sécher dans le jardin. L’atmosphère était agréable et détendue. On se racontait nos vies, les potins du village. C’était un moyen de se retrouver.
Il y avait 4 ou 5 personnes quand j’allais au lavoir. Mes filles m’accompagnaient. Je me rappelle qu’il y avait Mme Grenèche Odette, Mme Barbet ou encore Mme Froger qui lavaient pour M. et Mme Spitzer Robert et Fernande, propriétaires du Cheval Blanc.
Je me souviens être allée au lavoir avec mes parents à Saint-Georges-le-Gaultier. On lavait dans la rivière. Il fallait parcourir 1,5km pour atteindre le lavoir. Les routes n’étaient pas encore faites. On mettait la lessiveuse dans une petite charrette et on y attelait le chien qui nous aidait à la tirer. Une dizaines de femmes se retrouvaient au lavoir et il fallait y aller de bonne heure pour avoir une place.
Dans les années 70, suite à un problème de santé, j’ai dû arrêter d’aller au lavoir et nous avons acheté une machine à laver.
Si le lavoir pouvait parler, il nous dirait beaucoup de choses. De nombreux jeunes de la commune s’y retrouvaient et ce lieu également un lieu de rencontres et de rendez-vous amoureux. »
témoignage de Françoise Besnard (panneaux installés sous le lavoir lors des JEP 2016)
Monument aux morts
Près de l’église
Parigné le Pôlin
A ses enfants morts pour la France
1914 1918
Cette pyramide blanche s’élève sur un double emmarchement. La dédicace est gravée sur le fût sous une croix de guerre et une palme. Les noms et prénoms de 25 soldats sont gravés en lettres dorées, sur une plaque noire qui a remplacé la plaque de marbre rose; en fin de liste, trois victimes de 1939-1945 et une victime en Algérie. Les noms qui se trouvaient sur deux autres petites plaques rectangulaires apposées en façade (l’une pour 1870 et l’autre pour un déporté) ont été reportés sur cette plaque.
Le 10 juin 1920, le maire propose au conseil de voter diverses subventions aux œuvres destinées à soulager les misères de la guerre ou à assurer le bon fonctionnement d’Institutions d’utilité publique. Le conseil, après délibération, décide d’accorder 25 F au Comité des Pupilles de la Nation, 500 F au Comité chargé de l’érection d’un monument aux Enfants morts pour la Patrie, 15 F au foyer du soldat.
Le 20 février 1921, le conseil désire compléter la souscription en cours par une subvention communale de 1 000 F versée au Comité chargé de l’érection du monument commémoratif. En décembre, il décide :
- d’élever le monument au carrefour des chemins du hameau de Cérans et de la route nationale Le Mans-La Flèche, par le hameau des Bouquelières, sur une partie de terrain appartenant à Mme la marquise de Broc
- que le monument sera conforme au modèle présenté par M. Tansorier, entrepreneur à La Suze
- que la dépense est de 4 950 F, sans les fouilles ni le transport (550 F) soit 5 500 F.
- que la dépense sera couverte par la souscription de 4 500 F, le crédit communal de 1 000 F et une subvention d’État.
Au cours de cette séance, le maire rappelle les divers emplacements évoqués :
Janvier 1921 : au cimetière; inhumation des morts de la guerre à l’entrée du terrain des concessions perpétuelles ; pour le monument hésitation entre cette parcelle ou l’allée principale.
Septembre 1921 : placer le monument au bas du bourg, sur un terrain particulier mais le propriétaire s’y oppose.
Décembre 1921 : carrefour des chemins de Parigné à Cérans Foulletourte et de Parigné à la route nationale, à 50 m du cimetière ; mais ce terrain n’est plus communal et le monument obstruerait le fossé d’écoulement des eaux.
À la séance du 5 mars 1922, le maire reprend toutes les décisions émises le 20 févier 1921 et le conseil l’autorise à signer un marché de gré à gré de 4 950 F, avec M. Jules Tansorier, marbrier à La Suze. L’entrepreneur construira un monument en pierre dure de Champigny (sculpture) ; les inscriptions seront gravées en lettres dorées sur une plaque en ardoise polie, scellée sur la face du monument par 4 fortes rosaces en cuivre. Il sera terminé pour le dimanche 18 juin 1922. En avril, le préfet réclame l’acte de cession gratuite du terrain offert par Mme de Broc. D’autre part, il désapprouve le choix de l’emplacement peu convenable et que les souscripteurs aient été sollicités pour un monument dans le cimetière.
Le maire répond que les conseillers municipaux convoqués le 17 avril ont fait grève, sauf un. Ce parti-pris entrave la marche des affaires communales et notamment le paiement des dettes. Il faudra sans doute envisager la dissolution. D’après le préfet, le lundi de Pâques tout le monde est à la campagne ; Jour mal choisi. Il faudrait une nouvelle convocation.
Et le 3 mai 1922, le conseil décide que le monument sera élevé sur la Place Publique, dans l’angle formé par l’église, un immeuble et le chemin vicinal n°5. Le 15 août 1923, il vote un crédit destiné à l’entourage du monument par une grille ; la somme sera prélevée sur les fonds réservés à l’entretien du cimetière de 1923.
(Arch. dép. Sarthe 2 O 231/7)
Monument paroissial
Chœur de l’église
Aux enfants de Parigné-le-Pôlin
morts au Champ d’Honneur
Ce tableau commémoratif est une toile marouflée, signée Lionel Royer. Les noms et prénoms de 25 soldats sont inscrits avec la date et le lieu de leur décès, de chaque côté d’un Christ en croix, assez sanglant. Deux palmes dorées apparaissent en fond de tableau en résonance avec l’auréole du Christ. La dédicace est écrite sous la barre de la croix et tout au sommet, un extrait de l’Évangile selon saint Jean: Je suis la Résurrection et la Vie.
La force dramatique de cette composition donne une intensité sans équivalent à l’association de la Passion rédemptrice du Christ et de la mort salvatrice des soldats. Les armoiries placées discrètement au pied de la croix sont celles de la famille de Broc. La marquise, particulièrement active pendant la Grande Guerre, avait ouvert un hôpital dans les dépendances de son château et participa généreusement à la réfection de l’église une fois le conflit terminé. À la Toussaint 1924, les travaux d’embellissement terminés, le tableau commémoratif qu’elle avait offert fut placé dans le sanctuaire.
( « Les monuments aux morts peints dans les églises » inventaire général du patrimoine culturel p 79 éditions 303)
Cette plaque dédiée à une victime de la guerre 1939-1945, est fixée sous le monument.
Guerre 1939-1945: terrain de parachutage
en bordure de la route D 187
1943
Ce terrain a été utilisé pour des parachutages
par des résistants du réseau Hercule Buck
Cette stèle est située en bord de route. Elle rappelle le rôle de la Résistance. En 1943, les parachutages se firent dans un champ à proximité de la ferme de la Bourguelière où résidaient plusieurs membres du réseau Hercule Buckmaster. Cette stèle, en granit rose, fut érigée par les soins d’Alfred Auduc en 1968.
Une stèle située à Cérans-Foulletourte rend hommage à ces résistant(e)s.