Lavoir
Rue de la Fuie (indiqué sur le plan du village)
En 1901, la commune, ne disposant pas d’endroits où l’eau est suffisamment abondante pour construire un lavoir, fait appel à un sourcier.
Le devis des travaux, est réalisé par M. BIGNON, entrepreneur à Laigné. Un bassin de 10 m sur 5 m divisé en deux parties, est prévu. Une longueur sera abritée par un bâtiment aux murs maçonnés, avec une charpente en chêne et peuplier couverte en ardoises carrée forte (M. BIGNON est dépositaire des ardoisières de la Gauterie à Renazé).
Pour alimenter ce lavoir, il sera nécessaire de creuser un puits de 8 m de profondeur et d’amener l’eau 120 m plus loin, par des tuyaux en poterie. Le montant en est de 2 999 F. En 1902, le Conseil municipal demande un secours mais la préfecture refuse, les ressources ayant été votées et le lavoir construit.
En 1903, le même entrepreneur agrandit le puits principal et creuse trois autres puits carrés pour avoir de l’eau en quantité suffisante. Il pose des tuyaux de drainage et effectue des travaux sur la charpente et la couverture pour 1 321 F.
(Arch. dép. Sarthe, 2 O 152/7 et 10 AC 45; article de Gilbert Couturier dans « la Vie mancelle » n°399)
L’édifice a été restauré à la fin des années 1990 dans un ensemble aménagé en coin de pique-nique. Il est aujourd’hui couvert en tuiles.
Monument aux morts
Près de l’église
A ses enfants morts pour la France
La commune de Laigné en Belin
reconnaissante
1914 1918
Une haie basse de buis entoure le monument. Une statue de poilu signée « CH Pourquet Paris 1921 », peinte en bleue, est posée sur un socle en pierre. Sur trois faces du socle, les noms de 44 soldats sont gravés en rouge, par année de combat, avec l’ajout de 3 victimes de 1939-1944. Au bas du monument, deux branches entrelacées, en bronze, dissimulent les dates sculptées en relief 1914-1918.
À l’origine, entre la mairie et l’église, le monument a été déplacé au plus proche de l’église.




Le 28 mars 1920, le conseil décide d’élever un monument commémoratif sur la place publique entre l’église et la mairie, à la mémoire des combattants de la commune morts pendant la guerre 1914-1918, et qu’une souscription soit ouverte aussitôt.
À la séance du 12 juin 1922, le maire reprend cette décision et avise qu’il est temps de passer à l’exécution du monument vu que la souscription a rapporté 6 620 F. Il a contacté M. Robert Gaullier, sculpteur et entrepreneur au Mans, avenue de Paris, qui s’engage à fournir et à poser un poilu en fonte de fer décoré du Val d’Osne « La Résistance » sur un socle en granit de Kersanton. Le devis avec plan, dessins dressés par M. Lévêque, architecte au Mans, 50 rue Montoise, s’élève à 15 580 F, comprenant le transport, la gravure des noms et prénoms en entier et le travail sur les obus.
Le conseil conscient du caractère artistique des travaux approuve à l’unanimité le devis et vote un surplus de 8 960 F à la souscription. Il autorise le maire à passer un marché de gré à gré avec M. Gaullier. Toutefois, il rappelle au préfet que la commune n’avait que 1 229 habitants recensés en 1911 et sollicite la subvention de l’État accordée par la loi du 25 octobre 1919 et du 31 juillet 1920 ; 45 combattants nés ou résidant dans la commune sont morts pour la patrie d’août 1914 au 2 novembre 1918.
Le mois suivant, le maire informe le conseil du décès de M. Gaullier survenu en juin, avant d’avoir signé le contrat. M. Demas, son remplaçant désire exécuter le monument tel que M. Gaullier l’a conçu mais demande un supplément de 500 F. Le conseil approuve la proposition de M. Demas, soit une dépense totale, sans imprévus de 16 080 F. Le 24 juin 1923, le conseil approuve le procès-verbal de réception définitive du monument aux morts de la guerre.
(Arch. dép. Sarthe 2 O 156/7)

Le journal local du 1er mai 1923 relate l’inauguration du monument commémoratif célébrée avec éclat et dignité. La commune, grâce à la générosité de ses habitants a pu dresser un monument superbe et durable pour ses grands morts et ses poilus. C’est un bloc de granit gardé d’obus enchaînés et que domine l’altière attitude d’un poilu de bronze portant l’arme à la main[…] qui les traits énergiques, les mains crispées sur l’arme, tend vers l’horizon un regard de mâle volonté, geste d’une expression symbolique et puissante.
Le rassemblement pour l’office religieux commence une heure avant d’entrer dans l’église où tous les drapeaux se penchent sur la tombe d’un pauvre soldat poilu. L’abbé, ancien poilu, fait une allocution devant une assistance tellement nombreuse que beaucoup sont debout à l’extérieur de l’église. Puis le cortège se rend devant le monument que M. le curé va bénir.
Ensuite, tous les vétérans, l’Harmonie, les écoles, les élus et toute la population vont au cimetière. Tous se découvrent devant les tombes des soldats ramenés du front en écoutant « La Marseillaise » puis le discours du député implorant que tous ces grands morts ne soient jamais oubliés. Des fillettes de l’école laïque déposent des gerbes sur chaque tombe pendant que leurs camarades récitent les vers du poète.
À 11 h, la municipalité reçoit les notables sous un portique dressé dans un carré de verdure, route de Téloché. À 12 h 30, un banquet réunit 270 convives avant d’aller inaugurer la mairie. De nombreux discours rendent hommage aux vétérans de 1870, aux mutilés, aux anciens combattants, mettent en garde contre l’oubli et nourrissent le désir de retrouver une France prospère.
Au cimetière
A nos soldats morts pour la France
Dans le cimetière, un espace rectangulaire gravillonné a été aménagé pour déposer les plaques en fonte des tombes disparues des poilus ; au centre, une stèle surmontée d’une croix latine porte la plaque de la dédicace.
Monument paroissial
Nef de l’église
DIEU Aux enfants de la paroisse PATRIE
morts pour la France
Bon Jésus donnez-leur le repos éternel
HOMMAGE RECONNAISSANT DE LA PAROISSE
Sur une plaque de marbre blanc dans un cadre en bois, les noms et prénoms de 45 soldats avec la date exacte de leur décès ainsi que leur âge, sont gravés en lettres dorées, par année de combat; sont ajoutés 4 soldats qui sont morts des suites de leurs blessures. Une plaque similaire a été apposée pour 4 victimes de 1940 à 1947.
encart : « A la mémoire des 46 soldats, enfants de la paroisse morts pour la France«
Je donne ici la liste de nos chers défunts de guerre, telle qu’elle sera gravée en lettres d’or, sur une plaque en marbre, pour être posée en belle place à l’intérieur de l’église. Je prie les familles de me signaler les inexactitudes et les oublis.
Plusieurs personnes m’ont exprimé l’intention de faire graver, à leurs frais, le nom de leur défunt. C’est un exemple à imiter. Chaque lettre coûtera 40centimes.
archives diocésaines bulletin paroissial de juillet 1919
La plaque commémorative en l’honneur de nos héros se fait attendre. Ce retard est imputable à 2 causes :
1/au manque d’ouvriers spécialistes qui nous renvoient de mois en mois mais qui nous font espérer pour début novembre.
2/à l’attente de la somme nécessaire. La cherté de la main-d’œuvre et des matières premières, nous obligera d’y mettre le prix si nous voulons avoir un monument digne de nos héros. Je continue à faire la quête tous les dimanches. Chaque quête produit entre 7 et 10f. À ce compte, il nous faudra encore un an pour arriver à la somme nécessaire.[…]
Serait-il juste de faire supporter tous les frais de cette œuvre, qui intéresse toutes les familles, par les seuls habitués de la grand-messe ?[…] 14 familles ont bien voulu se charger de faire inscrire à leurs frais le nom de leurs défunts. H. BRIARD, curé
archives diocésaines bulletin paroissial d’octobre 1919
À l’occasion de l’inauguration de la Plaque commémorative, un service solennel sera célébré dans notre église, le jeudi 12 février 1920 à 10h pour tous les enfants de la paroisse victimes de la grande guerre.[…] Au jour impressionnant où le tocsin les appelait à la frontière, ils sont partis sans récriminer, espérant revenir bientôt après la victoire, auprès de ceux qu’ils aimaient.
Ils ne sont pas revenus !
Ils ont été frappés brutalement, en pleine lutte, par l’engin meurtrier, au coin d’un bois ou sur les bord d’un chemin ; sur les collines de l’Artois ou dans les plaines de la Champagne ; dans les marais de l’Yser ou dans les forêts de l’Argonne. Plusieurs reposent seuls, abandonnés, dans un coin de terre inconnu, sans nom, sans croix, sans inscription.
[…] Nul ne pourra passer devant cette plaque de marbre sans s’arrêter, sans être profondément ému, et sans être rempli d’une religieuse et patriotique admiration. Cet humble monument restera. Il sera un enseignement pour les générations futures.[…]
archives diocésaines bulletin paroissial de février 1920
Guerre 1870-1871
cimetière

Sur cette tombe familiale, une plaque est apposée au pied de la croix en hommage à l’abbé Auguste FOUQUERAY mort à Auvours le 11 janvier 1871.
L’abbé Fouqueray, tué au cours de la charge d’Auvours
Né à Téloché, l’abbé Auguste Fouqueray a 29 ans au moment de la bataille du Mans
Ordonné prêtre à la cathédrale du Mans en juin 1868, il est alors vicaire à Montfort. Rendant visite à l’un de ses frères près du Mans, Auguste, propose de remplacer le Père Antonin Doussot, fait prisonnier la veille. C’est ainsi qu’il devient aumônier dans la Légion des Volontaires de l’Ouest. Plusieurs de ses frères sont engagés dans les combats, notamment Victor, âgé de 20 ans, qui fait partie des Volontaires de l’Ouest. Peut-être s’est-il engagé pour être proche de ses frères autant que pour apporter offices et absolutions auprès des soldats. Le 11 janvier 1871, il accompagne les zouaves lors de charge d’Auvours, donnant l’absolution aux officiers et soldats qui tombent. C’est en venant au secours du capitaine Fournier de Bellevue, mortellement blessé, qu’il est lui-même tué. D’abord inhumé à Champagné, sa famille le fit transporter au cimetière de Laigné-en-Belin où il repose aujourd’hui.
Plusieurs vitraux représentent la scène de son décès : sur la verrière réalisée par François Fialex, édifiée en 1873, et sur une des lancettes de l’église d’Yvré-l’Evêque, due à Albert Echivard, installée en 1914. Une plaque apposée par le Souvenir français à la fin du XIXe siècle rappelle son souvenir dans l’église de Montfort-le-Gesnois. Il est également représenté sur la toile de Lionel Royer consacrée à la charge d’Auvours (1874).
Texte: Stéphane Tison et étudiant·es de Le Mans Université
Anne Baillot (2020, December 29) Les civils dans la Bataille du Mans: prêtres et aumoniers militaires. Guerre franco-allemande/1870/71.
