Bateaux-lavoirs
Nous n’avons pas trouvé trace de lavoir public à La Suze, seulement des bateaux lavoirs, arrimés sur la rive gauche de la Sarthe.
Un premier, d’une quinzaine de mètres de long, s’installe dans la traversée de la ville en 1856, au droit de la propriété de M. DOUET.
En 1862, M. LEROY obtient une autorisation pour construire un ponton lavoir en amont du pont de la Suze, au droit de sa propriété, pour une durée de dix ans. En 1876, il va y amarrer un bateau-lavoir de 8,40 m. En 1932, le nouveau propriétaire de cette parcelle, M. SOYER, le remplacera par un bateau de 6 m.
En 1875, M. LEBEL DELAUNAY échange des terrains avec la municipalité contre l’aliénation de la ruelle du Petit Gravier et l’engagement de faire une nouvelle voie d’accès. Il sollicite l’installation d’un bateau-lavoir à cet endroit. Au même moment, M. HUBERT-HAMONNEAU de Morannes (49) amarre un grand bateau de 30 m en aval du barrage.
En 1893, M. LANCELOT tanneur établit un bateau-lavoir de 30 m au droit du Grand Gravier qui sera emporté et complètement détruit lors de la crue de 1917. En 1919, M. FRETEAU demeurant à Paris va obtenir une concession à cet endroit pour un bateau de 20 m.
(Arch. dép. Sarthe, 3 S 98)
Monument aux morts
Place du Général De Gaulle
Sur un espace bien délimité de la place, le monument se dresse, entouré de quatre obus et d’une grille. Le fût de la pyramide est sculpté d’un ensemble de palme, drapeau, faisceau de licteurs autour d’une hache et casque; la dédicace y est inscrite en relief . Les noms de 97 soldats sont gravés par ordre alphabétique, sur quatre plaques fixées sur le socle. Sur l’une de ses faces, les noms de 6 victimes de la guerre 1939-1945 et 3 en Indochine, ont été ajoutés. Posées au sol, deux plaques: l’une pour le 50e anniversaire de la libération des camps de prisonniers et déportés et l’autre en mémoire de 7 résistants déportés.
Le monument a été déplacé puisque les archives le situe dans le cimetière.
Le 23 octobre 1919, le maire lit la lettre des représentants de l’Union des Grandes associations françaises invitant à une manifestation de deuil national le 2 novembre et le courrier du préfet demandant d’y associer les Pupilles de la Nation. Puis il évoque le projet d’élever un monument à la mémoire des enfants de La Suze, morts pour la France ainsi que deux plaques commémoratives semblables, l’une placée à la mairie, l’autre à l’église. Il demande au conseil de voter un crédit de 1000 F prélevé sur l’entretien des bâtiments communaux et de faire une souscription publique. Le conseil approuve à l’unanimité. Ce projet sera financé par une subvention de 1000 F et les 5 490,90 F de souscription. Pour combler le déficit, le conseil demande une subvention sur les fonds de l’État.
En avril 1920, le maire communique deux projets de monuments : celui de 8 200 F de M. Cottereau, sculpteur au Mans et celui de M. Jules Tansorier marbrier à la Suze, évalué à 6 550 F. Ils sont de qualité égale mais celui de M. Cottereau est plus artistique. Soumis au vote, c’est le projet de M. Tansorier qui l’emporte. Le 14 mai 1920, le préfet est informé du projet d’érection d’un monument dans le cimetière et de son emplacement. À la séance suivante, la municipalité demande au Bureau de bienfaisance de laisser sa part des pauvres.
En juin 1920, la commission spéciale demande à simplifier les moulurations supérieures du dé de la pyramide. La croix de guerre du haut de la pyramide est beaucoup trop petite. Elle réitère pendant trois courriers et finit par adopter le projet en septembre mais sous réserve de la suppression du corps de moulure sous la partie haute de la pyramide.
Le 11 janvier 1921, M. Tansorier s’engage à construire le monument pour la somme de 7 000 F. Son devis décrit un monument haut de 4,55 m, sur un soubassement en 4 morceaux de granit de Bretagne ou de Normandie ; le reste en pierre dure de Chauvigny. Les 90 inscriptions seront réparties par tiers et établies sur les faces principale et latérales; elles seront gravées en profondeur sur la 2e assise en pierre de Chauvigny. Seule l’inscription générale de face et la croix de guerre seront en relief sur le fût.
En novembre 1922, il signe un traité pour fournir et graver la plaque commémorative de la mairie, des enfants de La Suze morts pour la France, pour le prix forfaitaire de 1 435 F.
(Arch. dép. Sarthe 2 O 355/9)
Le journal Ouest-Éclair du 5 octobre 1921, évoque une « belle fête patriotique » pour l’inauguration du monument commémoratif élevé par la ville en mémoire des habitants tombés au Champ d’Honneur et pour la fête des démobilisés. Rues et maisons étaient toutes brillamment pavoisées. Cette cérémonie débuta par un service solennel à l’église. Après son allocution patriotique et l’absoute, l’abbé bénit la plaque commémorative en marbre apposée dans l’église où sont gravés tous les noms des habitants morts pour la défense du Droit et de la Liberté.
À 11 h, le maire et sa municipalité accueillaient le préfet, un représentant de l’Armée et les élus pour se rendre au cimetière où est érigé le monument portant les 94 noms des morts de la Grande guerre. Un banquet de 300 convives, offert aux démobilisés, fut l’occasion de nombreux discours. Un dernier discours fut prononcé à la mairie devant la plaque de marbre portant les noms des morts de La Suze. Concerts et retraite aux flambeaux terminèrent cette festive journée.
Monument paroissial
Chapelle de l’église
1914 1918
Aux enfants de la paroisse morts pour la France
Miséricordieux Jésus donnez-leur le repos éternel
Cette grande plaque de marbre noir est commandée au marbrier Tansorier de La Suze en même temps que le monument aux morts. Les noms et prénoms de 94 soldats sont gravés sur 5 colonnes. Une petite plaque a été ajoutée en dessous avec les noms de 5 victimes de la guerre 1939-1945 et 2 en Indochine.
Guerre 1939-1945
Au pied du monument aux morts
A la mémoire des résistants déportés
Passant, souviens-toi
En juin 2019, le maire de La Suze-sur-Sarthe, Emmanuel d’Aillières, a rendu hommage aux victimes et héros de la déportation, et plus particulièrement à sept résistants suzerains. Une plaque a été posée en leur mémoire. Le président de l’Association des Déportés Internés et Familles de disparus de la Sarthe (ADIF) a rappelé les parcours de quatre d’entre eux, victimes de la déportation : Paul Boutier, Clément Fournier, Maurice Lochu et Paul Robin. Tous ont été arrêtés par la Gestapo. Leurs missions consistaient à saboter les voies ferrées ou encore à couper les lignes téléphoniques afin de retarder l’acheminement des troupes et munitions allemandes. Ils balisaient également les parachutages et restaient attentifs aux messages codés diffusés sur Radio Londres.
Parmi la foule, se tenait Monique Henri, fille de Maurice Lochu. Âgée de 91 ans, elle tenait à être présente pour rappeler la mémoire de son père ainsi que celle de ses amis résistants. Elle avait à peine 16 ans lorsque celui-ci est arrêté. « C’était en pleine nuit, le 21 mai 1944 », se souvient-elle avec émotion. La Gestapo et la milice rentrent chez elle. Elle assiste impuissante, avec sa mère, à l’arrestation de son père. Ses amis résistants sont, eux aussi, conduits à la prison des Archives au Mans et torturés. Ils sont ensuite transférés à Compiègne (Oise) pour être déportés.
Ils montent à bord du « train de la mort », surnommé ainsi car ils sont 2 166 hommes et femmes entassés dans des wagons à bestiaux. Commencent alors trois jours de voyage terribles jusqu’à Dachau en Allemagne. 546 personnes environ n’y survivront pas. Passé Soissons (Aisne), le train doit s’arrêter à 11 h 05 à Saint-Brice-Courcelles, près de Reims (Marne), car les rails ont été sabotés. En pleine chaleur, un nouveau sabotage fait dérailler la locomotive. Les wagons sont ramenés sur Reims. Après ce long périple, un quart des prisonniers sont morts. Les autres, sans eau, ni nourriture, sont très fébriles en arrivant à la gare de Dachau le 5 juillet 1944.
Maurice Lochu sera ensuite transféré à Neckargerach, un camp où les prisonniers font de l’extraction de minerai afin de fabriquer les moteurs pour les avions de la marque Benz. Épuisé, il est renvoyé à Dachau où il mourra du typhus le 4 avril 1945.
( article du journal Les Nouvelles de Sablé)