Lavoir
Le Conseil municipal du 14 novembre 1858 constate que
« la commune n’a aucun endroit communal pour laver les lessives et abreuver les animaux, que tous les puits […] sont complètements taris dans les années un peu sèches et en particulier dans celle de 1858, qu’en cas d’incendie, il n’y aurait pas possibilité de trouver l’eau nécessaire à combattre le feu attendu qu’il n’existe ni rivière ni ruisseau dans la commune ».
Quel paradoxe pour cette commune qui est régulièrement victime d’inondations sur ces landes ! Quelle solution?… « Faire arriver l’eau par le moyen de tuyaux placés en terre et partant d’une source intarissable, située à deux kilomètres à peu près du bourg ». Pendant une trentaine d’années, l’idée de la canalisation de « la fontaine sans fond » demeure vivace. Des plans et devis (24 500 F) en sont dressés en 1882, le financement se ferait par la poursuite de l’emprunt réalisé pour la construction de l’église. Finalement, l’ajournement est prononcé en février 1885 et l’architecte rémunéré pour ces travaux.
Entretemps, en 1873, la municipalité avait mis à prix 2 000 F, la parcelle n° 25, de 1 ha 76 a, à condition que l’acquéreur creuse et agrandisse le bassin puis construise un lavoir et un abreuvoir. Il doit maintenir l’usage public de l’eau et garder un espace de 2,50 m pour l’abreuvoir. En compensation, il pourra disposer du cours d’eau provenant de ce bassin dont l’étiage est garanti par un déversoir en pierres de taille.
(Arch. dép. Sarthe, 2 O 388/8 et 1 MI 1343 R 200)
Il semble bien que ces conditions aient été réalisées puisqu’une habitante, âgée de 95 ans, se souvient être allée laver dans un lavoir, près de la Chapelle-du-Chêne.
Monument aux morts
Cimetière
Cette pyramide en granit avec palme et croix de guerre en bronze, repose sur un double emmarchement. Les noms et prénoms de 29 soldats sont gravés en lettres dorées dans la pierre, par année, sur les faces latérales.
- 1914 DUBREIL Louis, HURST Adolphe, CRILLOUX Pierre, OLLIVIER Paul, DEROUARD Emile, JACQUIN-LABARRE Eugène, LEPINE Auguste
- 1915 HOUDOUIN Emile, MASLARD Pierre, CORMIER Paul
- 1916 PATOIS Georges, BRICHET René, THIBEAU Alexandre, RABEAU Auguste, LEPINE Alfred, BRICHET Adrien
- 1917 FERTEAU Edmond, JOUIN Raoul, MOISSARD Joseph, SAUVAGE Georges, DUTHE Victor, FREULON Louis, BRICHET Louis
- 1918 ROUSSEAU Louis, LEVEAU Maurice, GARREAU Constant, HUARD Georges, LEROY Albert
- 1919 CHAUVIN Auguste
Les noms de 3 victimes de la guerre de 1939-1945 (MARECHAL Eugène, CORBIN André, CORBIN Marcel) et 2 victimes en Indochine ( DENEU Henri 1946 et DECORSE Henri 1946) ont été gravés à la base du monument.
Le 22 août 1920, le maire rappelle au conseil qu’à la séance du 23 mai 1920, la commune de Vion avait décidé d’élever un monument à la mémoire des enfants de Vion morts pour la France et propose de faire une souscription publique chez tous les habitants de la commune. Le conseil considérant qu’il est de toute justice que la commune élève un monument à la mémoire de ses glorieux morts de la grande guerre, que vue l’augmentation sans cesse croissante de la main-d’œuvre et des matériaux, le monument coûtera un prix élevé, accepte à l’unanimité la proposition de faire une souscription.
En septembre, le maire envoie le devis estimatif de 7 000 F, au préfet; la souscription a rapporté la somme de 1 600 F et le conseil vote un crédit de 6 000 F. Puis, le 9 janvier 1921, il s’agit de discuter l’emplacement de ce monument. Les différents carrefours et la place publique sont des emplacements trop petits. En revanche, le cimetière est très étendu. Le premier emplacement à droite et au nord, des fosses communes, de 168 m2 conviendrait pour y construire le monument et pour l’inhumation des restes des corps des soldats morts au Champ d’Honneur qui doivent être ramenés de l’ancienne zone de front.
Le conseil décide que, sauf avis contraire des familles, les corps des soldats tués à l’ennemi seront inhumés face au monument; c’est-à-dire au sud de l’emplacement et que ce terrain sera considéré comme concession à perpétuité. Le Bureau de Bienfaisance sera consulté pour renoncer à la part revenant aux pauvres, de cette concession ; sinon le conseil acquittera cette part.
La commission spéciale accepte le projet en avril. Le maire est autorisé à traiter de gré à gré avec M. Reboux, marbrier à Sablé pour la construction d’une pyramide en granit belge avec une palme et une croix de guerre en bronze. Les 450 lettres seront gravées en lettres d’or, sur le devant : la formule « La Commune de Vion à ses enfants morts pour la France » et sur les autres côtés : noms, prénoms et l’année du décès.
(Arch. dép. Sarthe 2 O 388/8)
Monument paroissial
Les noms et prénoms de 29 soldats sont gravés en lettres dorées, par année, sur ces deux plaques de marbre noir, ornées d’une croix latine barrée d’une palme.
Guerre 1939-1945
Ce mardi 17 décembre 2024, une plaque a été dévoilée en mémoire de Henriette Labussière, institutrice du village, en présence d’anciennes élèves qui ont assisté à son arrestation par la Gestapo.
Engagée dans la résistance en 1943, elle avait choisi de rejoindre un réseau qui avait pour mission de venir en aide aux aviateurs alliés tombés en territoire occupé. Le 17 décembre 1943, elle fut arrêtée devant ses élèves. Passant par Angers puis Compiègne, elle fut déportée au camp de Ravensbrück puis celui de Hanovre et enfin Bergen-Belsen où elle fut libérée par les troupes du général Montgomery en avril 1945.
De retour en France, elle ne put jamais reprendre son métier d’institutrice trop atteintes dans son corps et son esprit par ses années de captivité. Elle fut classée invalide en 1956 et retrouva sa terre d’origine, l’Allier. Elle s’est éteinte en janvier 2002.
La cérémonie, présidée par Me la Maire de Vion, s’est déroulée en présence d’anciennes élèves de cette classe de filles, de porte-drapeaux d’associations patriotiques et de lointains descendants d’Henriette Labussière. Une gerbe a également été déposée par des élèves de la classe de CM1-CM2 qui ont étudié cette période. Dans son discours, Me la maire a insisté: « Henriette Labussière est une figure de courage. Une femme ordinaire devenue extraordinaire par la force des circonstances. Cette plaque n’est pas seulement un rappel du passé, elle est un pont vers l’avenir. Elle nous invite, nous et les futures générations, à se souvenir du sacrifice consenti pour que nous puissions vivre en paix et en liberté. Elle nous engage à rester vigilant, néanmoins, face aux dérives de l’intolérance et de la haine. Et à défendre inlassablement les valeurs qui nous unissent« .
(article de presse Ouest-France 23/12/2024 et Maine Libre 21/12/2024)